Ma mère avait raison, Alexandre Jardin
De tous les romans qu’a pu écrire l’auteur français Alexandre Jardin, bien honnêtement, je serais tentée de dire que ce sont ceux traitant de sa famille d’originaux qui m’ont toujours le plus rejointe et interpellée. Parce qu’à travers les dérives, les incohérences, les déboires de ses membres aussi parfois, c’est à un véritable portrait de famille auquel on a droit. Un peu comme un puzzle qu’on assemble pièce par pièce. Et devant lequel il faut prendre une certaine distance pour en saisir toute l’ampleur.
Mais, c’est également comme j’en ai eu l’impression à certains moments, à un véritable appel à la liberté auquel l’auteur nous donne envie d’aspirer nous aussi.
Et, dans cette société un peu conformiste dans laquelle nous vivons, disons que ça fait un bien fou de constater qu’il est possible de s’assumer complètement et sans honte. Devions-nous pour y parvenir devenir des personnages de romans.
Dans « Ma mère avait raison » donc, Alexandre Jardin se penche cette-fois ci sur l’histoire de sa mère. Une femme qui dans les yeux de l’auteur, devient quasiment une muse, du genre à ne rien s’interdire. Et aux pieds de qui tous les hommes sont par ailleurs prêts à se jeter. Des amants qui, contrairement à ce qu’on pourrait s’attendre, ont parfois cohabité dans la même maison, et cela, dans la plus parfaite harmonie. Chacun ayant sa chambre et son rond de serviette dans la maison de cette tribu hors norme.
Et des anecdotes hors normes, on n’en manque pas ici. Par exemple, lorsque Jardin raconte à un moment de son livre cette anecdote du crâne de l’un des amants de Fannou, sa mère. Un ancien amant prénommé Mika, fakir hongrois qui finit par se suicider pour sa belle. Non sans avoir laissé à cette dernière une note dans laquelle il manifestait son souhait que sa tête lui soit offerte. Cela sans savoir qu’un jour, son crâne serait repeint par le jeune Alexandre… Afin de lui redonner quelques couleurs ! Ou encore, lorsque le Zubial, père d’Alexandre offre à Fannou un gigantesque bison de peluche…qu’il paie avec un chèque en bois et qu’il fait livrer avec une grue dans son appartement parisien.
Bref ! De la démesure. Au carré!
C’est donc cette mère un peu fantasque – et imaginée, un peu peut-être aussi (du moins, on se demande à certains moments s’il n’en invente pas un peu!) – que l’auteur nous présente dans ce bouquin à travers lequel on passe d’une traite vraiment! Une mère qui invitait ses fils à marcher sur le feu (littéralement), qui appris à faire une tarte aux quetsches avec une grande rousse, amoureuse et maîtresse du moment du Zubial (parce que ses maîtresses à lui aussi évoluaient dans la maison familiale dans la plus grande liberté!). Ou encore, qui brûlait les manuscrits de son fils sous prétexte que ceux-ci ne lui ressemblaient pas suffisamment à son goût…
Bref ! Inutile de dire que j’ai adoré ! Très certainement, je dirais, l’un des livres les plus drôles d’Alexandre Jardin. En même temps que le plus triste peut-être également. Cela dans la mesure ou à travers ces pages, l’auteur laisse d’une certaine façon transpercer une part de ses « manques », ce qui apporte au final une touche d’émotion à ce qui autrement, aurait pu sembler n’être que pitreries et fabulations. Et je l’avoue, j’ai d’ailleurs été particulièrement touchée par le passage ou il raconte l’histoire de sa grand-mère maternelle qui perdit un enfant alors qu’elle était avec son amant. Mort tragique d’un oncle alors qu’il était encore enfant en même temps qu’une clé parmi d’autres qui permette au lecteur de comprendre un peu mieux cette famille certainement un peu décalée. Certainement très dysfonctionnelle.
Mais, comme il le répète à quelques reprises dans son livre: On ne vient pas de nulle part…
Mais la plupart du temps, de mères parfaitement imparfaites sans aucun doute.
Et vous ? Vous l’avez lu ? Qu’en avez-vous pensé ?