Maman travaille
Devenir mère, ça semble naturel n’est-ce pas ? Rien de moins que l’ordre des choses dans la vie de la plupart des femmes!
Et pourtant, j’en suis venue à me dire que la maternité, c’est peut-être « la » chose la plus confrontante qu’il m’ait été donné de vivre de toute ma vie de femme !
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La conciliation travail –famille – je l’avoue! – c’est un peu mon dada !
C’est pourquoi chaque fois que je tombe sur un article dans lequel on semble avoir le fantasme de faire le tour du sujet (comme c’est le cas sur le site du magazine Coup de pouce), je répond « présente » bien sur !
Et sans rééelle surprise, je constate chaque fois qu’il s’agit d’un sujet chaud tant cette idée de conciliation a l’art de susciter des réactions! Tant de la part de celles qui ont choisi de demeurer à la maison pour élever leurs enfants (et qui sentent peser sur elles le jugement de nos sociétés de performance ou tout se calcule en $$$, en Euros ou autres monnaies, selon l’espace géographique que l’on occupe) que de la part des autres, les femmes qui pour différentes raisons, décident de retourner sur le marché du travail après leur congé de maternité. Parce qu’elles ont besoin de ce revenu que leur travail leur rapporte. Parce qu’elles sont mères mono-parentales et ne peuvent se permettre le luxe de demeurer à la maison. Ou – comble de « l’égoïsme »!, parce qu’elles aiment leur travail, comme c’est le cas pour moi!
Pour ma part, j’admire celles qui se permettent ce choix de demeurer à la maison pour élever leurs enfants, sans inquiétude pour l’avenir! Mais en ce qui me concerne, pour avoir vu ma mère en arracher avec trois enfants d’un mari violent (que j’ai longtemps refusé de considérer comme étant mon « père»!) et deux autres maris tout aussi inaptes, je n’aurais pas été capable de remettre ma destinée et ma sécurité financière entre les mains d’un homme, fut il le plus gentil du monde !
Lorsque j’ai eu mon fils, j’ai pris mon congé de maternité que bien sur, j’ai trouvé trop court! Mais je l’avoue, je suis heureuse de mon travail. J’ai mis jusqu’à 40 ans pour compléter un BAC universitaire et j’en suis fière! Car pour moi, c’était vital de sentir que je serais capable de m’assumer, tant professionnellement et financièrement, advenant une éventuelle rupture. Ça ne m’est pas arrivé, tant mieux ! Mais je ne regrette pas mon choix !
Mais combien de fois, à lire les blogues ou autres forums de discussions, ne me suis-je sentie jugée pour ce choix ?
La question que je me pose c’est est-ce que nous devons forcément toutes être dans le même « moule»? Toutes nous efforcer d’être le même type de mères et de correspondre à cette idée de ce que la société attend d’une «bonne mère»?
C’est vrai qu’une maman qui reste à la maison juste pour sentir qu’elle fait la bonne chose «socialement» mais qui est plus stressée parce que ce n’est pas ce qu’elle voudrait sera forcément moins patiente, moins bien dans sa peau, moins sur son X…
Chaque fois que cette idée de conciliation ou de non-conciliation revient sur le tapis, je ne peux m’empêcher de repenser à mon arrrière-grand-mère, Lucienne, qui a abandonné ses enfants (ma grand-mère et son frère) en 1928 pour venir vivre de la prostitution à Montréal…. Imaginez les jugements mais surtout, le tabou familial autour de ça ! (j’en ai parlé abondamment sur ce blogue n’est-ce pas?). Encore aujourd’hui, presque cent ans plus tard, le sujet est toujours difficile à aborder dans la famille parce que d’être mère, socialement, ça devrait être naturel alors que dans la vraie vie, c’est quelque chose qui s’apprend. On apprend sur le tas et à ce chapitre, aucune de nous n’est parfaite (même si on aimerait bien le croire !)
Mais, ce qui m’attriste dans toute cette histoire, c’est que je réalise que même aujourd’hui, en 2014, c’est très difficile de faire ses propres choix, et celà, peu importe que ce soit dans un sens ou dans l’autre (avoir des enfants ou pas, travailler ou rester à la maison). Quoi qu’on choisisse de faire, on sera jugée!
À ce chapitre, visiblement, il est impossible de «gagner»!
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Je crois que de devenir mère dans la vie d’une femme, c’est la chose la plus confrontante qu’il nous sera jamais donnée de vivre de toute une vie…
Parce que la seule chose qu’on puisse faire, c’est écouter sa petite voix intérieure et faire ce qui nous semble juste pour être une bonne mère mais une femme heureuse également. Et ça, je crois que c’est la plus belle chose que je puisse transmettre à mon fils: cette idée qu’une femme, sa mère, puisse être heureuse même si ça implique des choix.
Je trouve tellement triste de voir que certaines mamans à la maison (pas toutes, bien sur!) préfèrent garder leurs oeillères et croire que celles qui travaillent négligent forcément leurs enfants ! Je suis fière de dire que je cuisine tous mes repas, j’ai des dizaines de livres de cuisine que j’utilise au quotidien, je fais même mes barres tendres depuis janvier (et oui, j’en suis fière parce que toute ma famille mange mieux même si ça fait en sorte que je coupe sur d’autres activités pour pouvoir planifier tout cela chaque semaine !)
Et oui, je travaille à temps plein aussi ! Mais j’ai une chance que d’autres n’ont pas: un conjoint-papa de mon fils qui est très présent et qui participe activement à ce grand défi qu’est notre vie de famille.
Au bout du compte, il n’y a pas de recette magique: c’est un travail d’équipe avant tout!
Et vous, vous avez des enfants ? Vous travaillez à l’extérieur (ou pas) ?
Comment faites-vous?