Maquillée, Daphnée B
Cette année, je suis assez fière de dire que j’ai beaucoup lu. Mais, je n’ai probablement aucun mérite je suppose. Une pandémie mondiale, c’est sans aucun doute le meilleur moment de l’Histoire de l’humanité pour s’enfermer dans sa grotte, et lire. Pendant que l’«hécatombe» survient.
Bon, j’exagère. Un peu quand même!
N’empêche! Faisant d’une pierre deux coups, ais-je décidé d’en profiter pour préparer un peu d’avance cette idée de «calendrier de l’Avent livresque» que j’ai eu envie de refaire cette année.
En quoi ça consiste ? Sous le même principe que les fameux calendriers de l’Avent qui distillent les surprises au fil des jours en attendant Noël (chocolat, jouets, thé, alouette), je vous propose ici un calendrier de l’Avant de mes pérégrinations littéraires de l’année qui se termine.
Et, c’est sur une note qu’on pourrait qualifier de légère que j’ai eu envie de commencer en ce 1er décembre. Et, quoi de plus léger que le maquillage pourrait-on se demander ? Avec un livre, «Maquillée» de l’auteure Daphné B. qui au final est probablement pas mal moins léger qu’on aurait pu le croire d’office.
Ce que ça raconte ? «Maquillée» c’est, je dirais, un mélange des genres. À mi-chemin entre le récit personnel, la réflexion féministe et le portrait de notre époque dans laquelle on «Like» , on «swipe» et partage son image à qui mieux mieux au moyen de selfies partout sur les réseaux sociaux. Comme si celle-ci – la fameuse image – était un produit de consommation.
Et de fait, l’auteure, Daphnée B. se penche au cours de ces quelques 220 pages sur le nombre incalculable d’heures qu’elle a elle-même passé sur Youtube au cours de sa jeune vie. Un temps incalculable à suivre des «Make Up guru», pros auto-proclamés du maquillage et des turoriels de cet art de réaliser le plus beau maquillage. Un peu, je dirais, comme dans une espèce de quête sans fin de la perfection que ces influenceurs du web sont supposés représenter.
Mais j’avoue que malgré la légèreté d’abord attendue de ce livre, je me suis vite laissée aspirer par ce qui s’avère finalement comme étant une riche réflexion. D’abord sur notre époque. Mais surtout sur les questions de genres, d’identité, de consommation. Et de ce que ça signifie être une femme aujourd’hui.
Si elle y traite bien sur de l’industrie du maquillage, mais aussi de celle de l’influence, j’avoue que j’ai en ce qui me concerne été plus particulièrement happée par ces passages ou elle parle de la signification du maquillage et son rapport au féminin.
«Il y a plus de 2000 ans, le poète Ovide, mansplainer en herbe, avisait les femmes de se maquiller dans le plus grand des secrets: «Que votre amoureux ne vous surprenne pas, avec toutes vos petites boîtes alignées sur la table! Utilisez-les en cachette» (page 121)
Parce qu’il y a ça avec le maquillage. Cette idée que celui-ci ne doive surtout pas se laisser voir. Au risque pour les femmes qui abuseraient de l’artifice de passer pour des prostituées.
D’ailleurs, j’ai appris en cours de lecture, et avec une certaine stupéfaction je l’avoue, que l’entreprise Guerlain aurait testé rien de moins que des dizaines de tubes de rouge avant de finalement choisir son boîtier emblématique.
Le critère, pourrions-nous penser? Que la couleur tienne sur les lèvres ?
Même pas!
Mais plutôt que celui-ci soit suffisamment silencieux pour que les retouches de maquillage en public se fassent de façon discrète. Comme s’il s’agissait d’un acte dont il fallait avoir honte. Mais aussi, un bel exemple ais-je pensé de l’expérience du féminin qui semble devoir toujours être repoussée sous le tapis afin qu’on ne le voit pas.
C’est peut-être ce qui fait qu’à la télé, le sang des règles dans les publicités de tampon ne sont jamais rouge mais plutôt bleu. Parce que tout ce qui a trait à la réalité du féminin semble devoir être un peu tabou à ce qu’il semble…
Avez-vous lu ce livre ? Si oui, je serais curieuse de savoir ce que vous en avez pensé.
Pour ma part, il figure dans le top de ces lectures que j’ai le plus appréciées cette année.
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