Mémoire et Filiation
Quelle soirée extraordinaire !
Tout juste sortie de la table ronde à laquelle participaient les écrivains Alexandre Jardin, Eric Fotorino et Philippe Forest sur le thème « Mémoire et filiation », dans le cadre du Festival littéraire Métropolis Bleu, j’en suis encore toute retournée alors que j’attends mon train à la gare, assise à un café…
Bien que j’aie lu à peu près tout ce qu’à pu écrire Alexandre Jardin (Fanfan, Le Zèbre, Le Zubial, Le Roman des Jardin, Chaque femme est un roman, Des gens très bien, etc…), je ne connaissais pas du tout Éric Fotorino (Korsakov, Baisers de cinéma, Questions à mon père, L’homme qui m’aimait tout bas, etc) ni même Philippe Forest (Le siècle des nuages ou le XXième siècle des utopies, L’enfant éternel, etc) tous trois ayant pourtant axé le principal de leurs œuvres sur ces questions qui comme vous le savez m’interpellent particulièrement. La filiation, ce qu’on se transmet d’une génération à l’autre, ces secrets de famille qu’on cache comme des maladies honteuses, cette complicité dans le silence… Plus encore, cette impression que j’ai que d’une génération à l’autre, nous héritons des questions pour lesquelles nos prédécesseurs n’ont pas pu, ou sus, trouver de réponse… Nous laissant nous avec la « patate chaude », comme à un horrible jeu de relais dont nous ne connaitrions pas les règles…
Héritiers d’une énigme née dans le brouillard le plus épais…
Les questions de mon histoire à moi ? Peut-être bien de savoir comment se réaliser en tant que femme, en tant que mère, sans que l’une des deux étrangle l’autre de ses mains. Comment s’inventer soi-même en tant que femme sans que quatre ou cinq générations plus tard, on nous reproche encore nos choix, comme ce fut le cas de mon arrière-grand-mère du côté maternel qui à la fin des années vingt a carrément abandonné mari et enfants pour venir se prostituer à Montréal; un choix qui continue de faire des vagues, presque quatre-vingt-dix ans plus tard…Comme quoi de la « maternitude », nous ne nous sortons pas !
Et puis, comment pardonner l’impardonnable à son père, la question du « pourquoi » étant sans doute aussi simple que ces deux mots: « pour soi »… Ou encore, pour se rattacher à quelque chose de plus grand que soi. Pour s’insérer dans une histoire – familiale celle-ci – afin d’en constituer un maillon capable de donner du sens au reste…
Car finalement les questions, plus on y répond, plus il nous en vient ! C’est en quelques sortes comme un puits sans fond d’interrogations existentielles…
Et vous savez quoi ? D’assister à cette table ronde avec ces écrivains, ça a fait résonner en moi ce besoin presque viscéral d’écrire et qui parfois, me donne l’impression de sortir tout droit de mes tripes… Ce sentiment qui tel un appel, me donne envie de me tourner vers le ciel et de crier au destin ou à je ne sais qui capable de m’entendre « Vois comme je refuse de me taire ! Vois quelle mauvaise complice je fais ! »
Cette impression que d’écrire, c’est là la première chose qui de ma vie qui ait un sens quelconque…
Comme si j’étais née pour ça.
Fou n’est-ce pas ?
2 commentaires
Charlotte
Aucunement fou. Totalement résilient.
Écrire est un bon moyen de se libérer.
Tu n'es pas ce que les autres avant toi ont été. Tu n'en n'es pas responble non plus. C'est tellement difficile d'affronter son « karma » quand il est aussi lourd…
Je crois que tu es sur la bonne voie 🙂 xx
MARIE
Merci 😉 C'est drôle car dans ma chronique de ce matin que j'ai écrite hier soir, je parle justement de ce fait que nous ne sommes évidemment pas responsables des choix que que nos ancêtres ont fait dans le passé. Mais que nous pouvons choisir de ne pas couvrir, de ne pas endosser et surtout, de ne pas faire nôtre tous ces secrets. Et ça, je pense que c'est la belle nouvelle dans tout cela 😉