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Miss Islande, Auður Ava Ólafsdóttir

Je ne sais pas pour vous mais en ce qui me concerne, il y a un je-ne-sais-quoi dans la littérature des pays scandinaves qui vient toujours me chercher.

Est-ce la neige? Les hivers toujours trop longs? Le sentiment de solitude et l’isolement qui semblent suinter tant des intrigues que des personnages de ces romans?

Je ne saurais dire.

Mais je l’avoue, j’ai été charmée par ce roman paru récemment, «Miss Islande» de Auður Ava Ólafsdóttir, dans lequel on fait la connaissance de trois personnages en décalage de ces années soixante desquelles il pouvait sembler difficile de sortir du moule des conventions sociales.

D’abord, Hekla, 21 ans qui n’a qu’un but dans la vie, celui d’écrire et qui quitte justement la ferme familiale pour aller vivre sa passion à Reykjavik. Ensuite, sa meilleure amie Isey, toute autant animée par ce même désir d’écrire mais qui est enlisée dans les taches domestiques et la maternité. Puis enfin, Jon John, ami homosexuel à une époque ou il était impossible d’imaginer s’afficher comme tel. Et qui dans l’ombre, crée des robes pour Hekla. En plein jour, c’est sur un bateau qu’il s’embrigade…

Hekla travaille le jour comme serveuse alors qu’elle écrit la nuit, presque en cachette. D’ailleurs, elle a déjà plusieurs publications dans divers magasines, toutes sous des noms d’emprunts, masculins il va sans dire. Son amoureux, appelé tout simplement «le poète» est pour sa part déjà reconnu comme écrivain au grand jour bien que dans les faits, il ne semble pas écrire grand chose. En marge, ce harcèlement dont est victime la jeune femme pour participer au concours Miss Islande. Parce que, voyez-vous, tout ce qu’on veut voir d’elle c’est qu’elle est jolie. Car vous savez! Qui a besoin qu’une femme écrive, n’est-ce pas ?

«Les hommes naissent poètes. Ils ont à peine fait leur communion qu’ils endossent le rôle qui leur est inéluctablement assigné: être des génies. Peu importe qu’ils écrivent ou non,. Tandis que les femmes se contentent de devenir pubères et d’avoir des enfants, ce qui les empêche d’écrire. »

Vous l’aurez compris, nous ne sommes pas dans le grand roman rempli de retournements. Mais l’auteure traite avec tellement de finesse de la difficulté pour une femme de répondre aux rôles qu’on lui impose tout en étant artiste – un peu comme si les deux étaient totalement incompatibles – que je l’ai lu presque d’une traite. Mais la grande thématique elle est sans doute beaucoup plus large: soit cette difficulté d’assumer qui on est dans une société qui adore les étiquettes.

Vous l’avez lu ?

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