Ombres et secrets
Photo: Chroniques d’une cinglée |
J’ai toujours été fascinée par les maisons… Car que nous y vivions depuis cinq minutes ou depuis vingts ans, n’avons-nous pas bien souvent cette impression d’en voir fait le tour en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire ?
Et pourtant, qu’y a-t-il de plus mystérieux qu’une maison ?
Aussi, la vie je pense m’a toujours semblée ressembler un peu à ces maisons qui jalonnent la route, alors qu’on roule en voiture vers une destination quelconque. N’avez-vous en effet jamais remarqué à quel point celles ci semblent le témoin de secrets plus ou moins avoués ? Avec leurs façades qui donnent à penser que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, avec des fleurs aux fenêtres et le mot « Bienvenue » en grandes lettres peintes sur la porte.
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« Encore un peu de temps, vous finirez par éprouver ce que la maison où vous êtes a de tendre ou de froid, de nostalgique ou de vengeur. Car toutes ont des caractères secrets, assez semblables à ceux des personnes. Certaines sont bêtes, d’autres sournoises. Quelques habitations sont austères et revêches, beaucoup sont espiègles, joueuses, toutes sont difficiles à apprivoiser. » (« Traquer l’esprit d’une maison », Cles, Retrouver du sens)
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« A cause de leur histoire, probablement. Aucune, en effet, n’est faite seulement de pierre, de bois, de brique et de ciment, de carrelage, de tuile ou d’ardoise. Une maison est aussi constituée des idées de ceux qui l’ont conçue, des pensées de ceux qui l’ont construite, des péripéties qui s’y sont déroulées. On ne sait bien sûr ni comment ni pourquoi, mais des lambeaux et des bribes de ce passé flottent toujours dans l’air ou s’agglutinent au bas des portes. N’oublions pas non plus qu’une maison n’est jamais absolument close, tout à fait hermétique. Elle existe par la répétition d’une multitude d’allées et venues, abrite une possibilité sans limite d’arrivées, de départs, de transits.» (« Traquer l’esprit d’une maison », Cles, Retrouver du sens)
Ce parralèle entre les maisons et les humains…il y a longtemps déjà que j’y réfléchi. Allant même jusqu’à imaginer que je pourrais m’en servir dans mon projet de livre. Celui portant sur la lignée des femmes du côté maternel et dont le titre de travail pour le moment est justement « Derrière des portes closes»…
Et si cette histoire, c’était la maison qui la racontait ? Cette maison grand-paternelle dans laquelle j’ai moi-même vécu quelques mois, tout juste avant d’entrer à l’école…
Je n’ose imaginer combien de secrets elle cache en ses murs!
«Encore un moment, un dernier pas, et vous approcherez de l’énigme essentielle. L’élucider est hors d’atteinte, mais la formuler n’est pas difficile : chaque maison imprègne les gens qui y séjournent, règle leurs parcours, en partie leurs humeurs. Ce ne sont pas eux qui vivent dans la maison… c’est elle qui les habite.» (« Traquer l’esprit d’une maison », Cles, Retrouver du sens)
Ce scénario me revient toujours en tête alors que j’ai toujours cette image finale dans laquelle la maison de mon enfance serait ravalée par tous ces arbres que mon grand-père a passé sa vie à planter…
4 commentaires
Anonymous
« L'homme qui plantait des arbres… » c'est un peu aussi ton grand-père, non ?
En lisant ton texte, tu m'as fait souvenir d'une phrase que répetait ma mère lorsque je lui disais que ça devait être bien beau dans certaines maisons où l'on voyait – de l'extérieur – de très belles draperies. Elle disait « Derrière des rideaux d'or, il y a parfois des larmes. » Je n'ai jamais oublié cette phrase.
Moi aussi, lorsque je voyage sur la route, je fais toutes sortes de scénarios dans ma tête en passant devant certaines maisons. Je me demande toujours si les gens sont heureux, s'ils sont nombreux à vivre dans la maison, etc., en m'imaginant raconter leur histoire.
Je serai absente pour te lire les trois prochaines semaines. Je pars mercredi pour Manic – notre voyage familial d'automne. Je vais marcher et marcher en forêt en belle compagnie, aller à la cueillette des airelles (c'est le temps à cet endroit) et quelle bonne sauce l'un des fils fera pour accompagner les perdrix – que je ne mangerai pas, mais ce qui ne m'empêchera pas de savourer quelques cuillerées de sauce aux airelles – prendre des soupers qui n'en finissent plus après une journée passée au grand air – avec un bon verre de vin, comme de raison, et voir, peut-être, les premiers flocons de neige à la mi-octobre.
Alors, bonnes prochaines semaines, Marie.
Marjo
MARIE
Bonjour Marjo !
Effectivement, j'ai toujours aimé voir mon grand-père comme l'Homme qui plantait des arbres 🙂 Il aurait très bien pu faire un ermite tant la forêt était sa vie!
Je te souhaite de bonnes vacances! C'est tellement agréable de sortir de la routine, surtout en ce moment ou nous pouvons profiter des couleurs de l'automne ! Profites en bien !
Marie
Étoile
J'ai la chance de passer souvent devant la maison où je suis née. Ma mère et mon père m'ont raconté leurs premières années de mariage et ce qui s'est passé lors de ma naissance à cet endroit.L'arrivée du médecin,des grands-mères,mon père qui est tombé dans les pommes. J'étais la première à naître au sein de la famille. Je n'ai jamais pensé prendre cette maison en photo mais, tu viens de m'en donner l'idée. Les maisons de mes grands-parents et arrières grands -parents sont toutes dans le même petit village. Mon fils a d'ailleurs acheté la maison de mes parents.J'aime beaucoup aussi voir des vieilles maisons quand je vais en voyage.Je me souviens de V'al-Jalbert entre autre au Lac-st-Jean. Je m'imagine plein de choses bonnes et moins bonnes. Des grandes joies ,des gros secrets,de l'amour, de la tristesse,des naissances et des morts.Ton idée de faire parler une maison est excellente. Ton titre convient parfaitement aussi.Je te remercie pour ce billet et bonne fin de journée chère Marie.
MARIE
Bonjour Étoile ! C'est vrai que de prendre en photos ces maisons de nos enfances, ça constitue un beau souvenir. Je ne l'ai pas vraiment fait en ce qui concerne celle de mon grand-père, bien que j'aie bien sur quelques photos. Aujourd'hui, je regrette un peu. La maison et la terre ont été vendues lorsqu'il est parti en CHSLD et puis il est décédé il y a deux ans. De la maison, de ce que j'ai entendu, il ne reste pratiquement rien aujourd'hui, la terre ayant été achetée pour la valeur du bois que mon grand-père y avait planté et la maison…laissée à l'abandon et même défoncée… Je n'y retournerai plus jamais car je ne veux pas voir cela. C'est pourquoi je préfère conserver cette image de sa maison ravalée par la forêt qu'il a plantée…
Marie