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On avance d’un pas, on recule de deux

1969. L’année de ma naissance.

Un mois plus tard, Armstrong, aux yeux du monde, mettait le pied sur la lune. Cet été-là aussi, une génération de jeunes adultes s’est déhanchée à Woodstock, au cours d’un weekend devenu légendaire.

Au cours de mes dix premières années de vie, aux États-Unis un jugement célèbre (Roe vs Wade en 1973) est venu dire aux américaines qu’elles avaient le droit de décider de leur corps, et par conséquent, de se faire avorter. C’est également l’époque ou un peu partout, les femmes se sont mises à se libérer, balançant d’un coup maris tout autant que soutien-gorge… Et ma mère, née en 1950 et par conséquent, âgée de tout juste 19 ans en 1969, en a plus ou moins joyeusement profité puisqu’elle s’est mariée à trois reprises…

Je n’ai pris conscience que récemment à quel point en tant que femme, j’avais pu arriver dans ce monde à une époque un peu bénie ou (en tant que nord-américaine parce que, qu’on se le dise, ce n’est pas aussi simple partout sur la planète!) pas mal de choses me seraient plus accessibles qu’aux femmes de ma famille qui m’avaient précédées. Du moins, j’étais en droit de l’espérer!

Aussi, et c’est un euphémisme de le dire, j’ai le sentiment aujourd’hui de me retrouver avec ce qui m’apparait un peu comme une gueule de bois un lendemain trop arrosé. Ceci alors que depuis quelques années, on assiste à ce qui peut paraître comme un retour du balancier. Car après avoir imaginé que les femmes pouvaient enfin être considérées comme des humains à part entière, tout banalement, je suis forcée d’avouer que je suis aujourd’hui choquée face aux reculs qu’on constate partout.

Aux États-Unis en juin, une frange d’extrémistes est parvenue à ses fins après cinquante ans de combat pour renverser Roe vs Wade et ramener par le fait même les femmes à l’âge de pierre, à un état de non droit… Car aux États-Unis, on le constate, on peut circuler en moto sans casque (je l’ai constaté lors de mes dernières vacances dans le Maine), on peut tout autant se promener avec une arme chargée en tout temps, on peut à la limite déraper et tuer des centaines de personnes d’un coup… Mais tenez-le-vous pour dit! Pas question de toucher à ce qu’on considère comme du domaine des droits et libertés, celui de de posséder et porter une arme. Et surtout Mesdames, rentrez-vous ça dans le crâne! Votre corps ne vous appartient pas, et votre utérus encore moins. Le premier fœtus venu, même celui qu’on vous aura fourgué par la violence d’une agression aura infiniment plus de droits que vous. Une fois né, on s’en balancera bien de votre enfant! Mais dans votre ventre, vous n’êtes que sa couveuse…

Bien sûr! On peut se dire que ça, ce sont les États-Unis. Qu’ici au Canada, le droit à l’avortement n’est aucunement remis en question. Que notre système politique étant bien différent, un tel renversement aurait bien peu de chances de se produire ici. Mais il faut être une femme pour savoir à quel point tout ça, ces infimes droits les plus légitimes, celui de décider pour soi parmi quelques autres envies bien humaines, on a dû se battre pour les obtenir. Et qu’ils ne sont malheureusement jamais acquis…

Bref! Qui pourrait me reprocher, née à un moment de l’histoire qui m’a laissé croire que je pouvais tout espérer, que je me sente aujourd’hui si flouée de réaliser qu’au fond, bien peu de choses ont changé. On nous l’a peut-être au fond juste laissé croire.

Et ça, ça suinte de toutes les nouvelles sur lesquelles je tombe depuis quelques temps. Ici au Canada sous l’angle de cette femme, Lisa Laflamme, célèbre animatrice du bulletin de nouvelles le plus regardé au Canada anglais qui à 58 ans, est tassée en raison de…ses cheveux blancs (parce qu’en plus, on a pas le droit de vieillir!). Et un peu aussi, parce qu’une femme avec des idées, on ne veut surtout pas voir ça en plein jour. Et hop! On la remplace illico par un homme de vingt ans plus jeune qu’elle…. Que voulez-vous? Décision d’affaire! Mais décision d’affaire qui visiblement, ne s’applique pas aux animateurs vieillissants que je me garderai bien de nommer…. Mais qui eux, partiront à la retraite au moment où ils l’auront choisi. Avec les honneurs dus à ceux qui ont révolutionné le monde. Rien de moins!

Dans cette nouvelle aussi dans laquelle on raconte qu’une adolescente américaine de 16 ans s’est vu interdire en Floride un avortement, sous prétexte qu’elle n’était pas assez mature…pour se faire avorter. Car rappelez-vous! C’est votre utérus qu’on veut Mesdames! Pas votre capacité de penser et de choisir pour vous! Se faire avorter ça prend une capacité de réflexion. Alors que pour faire des bébés, il faut seulement un utérus! Que vous en vouliez ou pas de ce bébé, ce n’est pas question à débat.

Ou encore, dans cette nouvelle qui en début de semaine, m’a donné envie de hurler! Une nouvelle dans laquelle on réalise que même un agresseur sexuel récidiviste à infiniment plus de droit que sa victime!

Bref! Je suis bien fatiguée de tout cela! Et j’ai envie de hurler!

Et non! Ce n’est pas la ménopause qui en est la cause! Encore moins mes cheveux blancs.

Tout juste une immense peine pour la moitié de l’humanité.

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