Origines
Photo: IStock |
Je me questionne beaucoup ces temps-ci sur les notions d’identité et de sens… « Qui sommes-nous ? » et « Quel est le sens de nos vies? », voilà bien des questions que tous, nous nous sommes posés à un moment ou un autre de notre vie n’est-ce pas ? Des questions qui impliquent également, bien que nous n’en soyons pas toujours conscients, de nous demander « Que ne suis-je pas ? »…
Aussi, j’écoutais cette semaine une émission de télévision dans laquelle étaient toutes deux invitées, en entrevue et côte à côte, les chanteuses Isabelle Boulay (dont je me délecte actuellement du nouvel album « Les grands espaces ») et Diane Tell. La première, originaire de la Gaspésie et qui maintenant vit presque exclusivement en France. Puis la deuxième, qui par le plus grand des hasards, est originaire de la même petite ville Abitibienne que moi, Val-D’Or. Ville dans laquelle je ne suis pas née mais dans laquelle j’ai néanmoins passé mon adolescence… Avant de prendre mes « cliques et mes claques » comme on dit, pour venir poursuivre mes études – et ma vie – ici à Montréal.
Toutes deux parlaient du fait que bien qu’elles se soient littéralement construit une vie en France – et ce, depuis près de vingt ans ! – leurs origines demeuraient quant à elles, indélébiles.
M’est alors revenu en mémoire ce premier voyage que j’avais fait à Paris. Le tout premier. Toute seule à trente ans. C’était en mai 2001. Tout juste avant que certaines tours ne tombent…
Je me souviens m’être alors sentie vraiment seule bien sûr ! Mais surtout, avoir alors pris conscience de tout ce que je n’étais pas… De toute cette histoire faite d’épinettes et de froid qui m’imbibait, comme suintant de ma peau… Et que j’étais bien la seule visiblement à m’être imaginée en avoir effacé toutes traces…
Ainsi, je suis fascinée de constater que pour la majorité, nous passons nos vies à tenter de masquer ces traces de notre enfance, tentant du mieux que nous le pouvons de fuir « nos épinettes »… Comme pour se faire croire à soi-même, l’espace d’un instant, que tout cela n’a pas eu tellement d’importance finalement…
J’ai pour ma part été des années à croire que lorsque mon grand-père serait décédé, jamais plus je ne retournerais dans ma région. Et que toute cette vie «d’avant », ce serait un peu à l’image d’une petite maison abandonnée dans laquelle je ne ressentirais jamais plus le besoin de revenir….Alors que paradoxalement, je me souviens lors du retour en voiture après les funérailles, avoir regardé l’immensité du Parc La Vérendrye… et en avoir soudainement vu la beauté… Comme si j’avais été comme par magie et d’un coup, gratifiée de ses yeux à lui…
Et m’être dit que j’y reviendrais certainement…
Et puis aussi, je réalise à quel point de « tout cela », on ne peut pas fuir éternellement ! Car alors que j’aurais pu mille fois aller me recueillir sur la tombe de mon père (qui je le rappelle, n’a pas de pierre tombale !), c’est aujourd’hui seulement, quelques 32 ans après son décès, alors que je n’ai plus aucune raison de retourner là-bas, que je ressens de façon intense ce besoin de « réparer »…
Et de faire mettre une pierre tombale pour lui…
Peut-être un peu comme un refus de me résigner ? Avec cette volonté de mettre ma petite touche dans tout ce bordel que contre toutes attentes, même le temps n’a pas su effacer…
Et je ne peux faire autrement alors que de me dire que nous sommes peut-être les derniers finalement à pouvoir prendre la mesure du sens de nos vies….Alors que plus de trente ans après la mort de mon père, je suis là moi, à vouloir écrire un livre sur lui… À vouloir faire installer une pierre tombale sur sa tombe.
Seule avec mon besoin de « réparer »…
Rt puis, je suis tombée sur ces mots, comme s’ils avaient été écrits par ou pour moi…
« J’admettrai simplement que tu étais mon origine
que c’est moi qui ai ta chemise
que je n’ai pu la brûler
J’admettrai même ce qui est faux
l’irréel
et tout ce qui traîne dans nos esprits»
(- Marie-Pier Deschênes, Comme si tout se jouait ici)
2 commentaires
Anonymous
Quel beau texte touchant !
Nous nous posons tous la question – à un moment de notre vie – d'où venons-nous et où allons-nous. Ne dit-on pas que l'on doit savoir d'où l'on vient pour savoir où l'on va ? J'y crois.
C'est en vieillissant que nous ressentons le besoin d'un retour à nos origines. Notre mémoire familiale se fait plus présente et l'on veut tout savoir.
C'est bien que tu veuilles installer une pierre tombale sur la tombe de ton père. Il y a droit et toi également.
Marjo
MARIE
Je suis tout à fait d'accord avec toi que le fait de connaître son histoire (notre passé) permet de mieux entrevoir le futur. En ce qui me concerne, étrangement, ça m'apporte quelque chose comme une certaine confiance en l'avenir je pense. Et c'est bien vrai que c'est notre lot, en tant qu'humain, de se poser des questions.
Merci à toi et bon weekend 😉
Marie