Pages féminines d’un autre temps…La coquetterie comme une mise en abîme
Coquetterie d’autrefois
Il est quelquefois bien divertissant de fouiller dans les chroniques de mode et « de beauté » des temps passés.
Vous savez, chères lectrices, comme on s’est insurgé contre l’habitude que beaucoup de Parisiennes ont prise d’aviver l’incarnat de leurs lèvres par un peu de fard.
Or, voici que j’apprends, en lisant de vieilles chroniques, que « bien des femmes coquettes avaient l’habitude de se mordre violemment les lèvres avant d’entrer dans un salon afin de les avoir plus rouges ». La chroniqueuse dit que certaines femmes contractaient ainsi l’habitude de se mordre les lèvres fréquemment, ce qui occasionnait à la longue des rougeurs et des gerçures disgracieuses.
Suit un conseil: « Pour avoir les lèvres rouges » que je transcris ici textuellement:
« On trempe les lèvres dans un verre d’eau tiède pendant cinq minutes. Essuyer et les enduire de pommade camphrée; au bout d’un quart d’heure les essuyer avec un linge et mettre de la glycérine. Les lèvres deviendront alors rouges comme du carmin ».
Il va sans dire que je n’ai pas essayé la petite recette. Je veux bien croire à son efficacité. Que de temps perdu pour ne pas user d’un fard innocent!… Et quelles sont les femmes d’aujourd’hui qui pourraient ainsi consacrer une demi-heure à se rougir les lèvres.
Et s’il est laid et de mauvais goût de se farder trop, il n’en est pas de même lorsqu’on sait user avec discrétion et avec art d’un artifice qui, sans aucun doute, donne plus d’éclat à la beauté.
(Le Petit journal, 24 mai 1931)