Pages féminines d’un autre temps…Mesdames, souriez à votre fantaisie, mais pas trop
ENTRE NOUS MADAME…
Sourires
Le sourire, de tout temps fut l’apanage, l’arme de la femme.
Les Arts nous ont montré fidèlement sur les traits toujours délicieux des femmes à la mode, les divers sourires que les hommes ont aimés.
Le sourire étrange, à peine esquissé de la belle Néphrététa, mère de Tout-Ank-Amon, le sourire espiègle des jolies marquises poudrées, le demi-sourire parfaitement calme des portraits de Léonard et en particulier de la Joconde…
Le sourire a lui aussi passé par des «crises» selon le caprice des temps et des gens, il fut ou ne fut pas à la mode.
Quelle est la femme qui aurait osé sourire, ne serait-ce que du bout des lèvres aux temps troublés de l’Inquisition et du sombre Philippe II?
À l’époque du Roi-Soleil, le sourire fut autorisé; l’on pouvait, l’on devait même sourire, mais d’une certaine façon sans gaieté aucune ce qui aurait été déchoir!
Louis XV vous oblige à sourire, tristes ou gaies, il vous fallait sourire, être frivole, sous peine d’être disgrâciée.
Le Romantisme, lui, vous veut tristes et pensives, seule l’esquisse d’un vague sourire eut banni de vous les cœurs! L’on devait…mourir d’amour, d’un amour pas bien gai!
Enfin maintenant vous pouvez sourire à votre fantaisie.
Vous pouvez sourire en triangle et montrer vos dents saines et blanches, le visage éclairé d’un sourire franc et gai.
Vous pouvez à l’égal des belles Slaves aux natures compliquées, sourire d’un air mystérieux, souvent ironique.
Malgré le marasme des affaires et peut-être à cause de ce marasme, vous devez être gaies, rieuses, puériles même. La mode est au sourire.
(Le Petit journal, 27 juillet 1930)