Pages féminines d’un autre temps…Sainte-Catherine ou Poisson d’avril ?
Un avertissement aux hommes :
LA DICTATURE DES FEMMES EST PROCHE!
Voici un avertissement que les hommes feront bien de remarquer en ce jour de la Ste-Catherine, fête des « vieilles filles » :
Une révolution est en marche, un changement devant lequel pâlissent toutes les révolutions, qu’elles soient communistes ou fascistes, industrielles ou agraires. Voici venir le matriarcat ou la dictature des femmes! Ne souriez pas avec incrédulité, hommes infatués : la gynécocratie, mot déplaisant, exprimant une forme de gouvernement déplaisante pour les hommes, semble désormais inévitable.
Certes, l’homme règne encore, mais il n’est que trop évident que cette suprématie est en pleine décadence, et que l’avèenement du matriarcat est proche.
Les hommes ne sont plus les mêmes, ils s’efféminent, tandis que le ci-devant sexe faible, tourne au masculin, mentalement, physiquement et moralement.
Observez, par une froide journée d’hiver, les hommes qui viennent prendre leur tramway au coin de la rue ou leur train dans une gare de banlieue : emmitouflés, frileux, ils tapent du pied sur le trottoir ou se pressent autour des radiateurs de la salle d’attente. Et les femmes? Elles attendent sur le quai, le col ouvert et les jambes gainées de soie exposées à la bise glaciale.
Prenez un journal. Voici un article traitant de la couleur des jaretelles pour hommes. Ces jaretelles coûtent cher. Et qui les verra sauf leur notre possesseur? Mais, voici une annonce : cette championne du golf ne porte des sous-vêtements qu’en soie.
LES RÖLES CHANGENT
Un grand quotidien relate gravement qu’un jeune homme a reçu, la veille de son mariage, un trousseau offert par ses amis : robe de chambre, peignoir de bain, pantouffles, etc. En revanche, la fiancée acceptait, comme cadeau, de la part de ses amies, un superbe briquet et un service de fumeur.
Un privilège qui semblait jusqu’ici réservé exclusivement aux hommes – la force des poings – est également entamé. La jeune fille moderne fait tous les sports : tir nage, hockey, tennis, golf, automobile, aviation, etc, et sa force physique est désormais à l’égal de celle des hommes.
« AS-TU FINI DE T’HABILLER? »
N’a-t-on pas assez ri des hommes, obligés d’attendre que leurs femmes aient fini de s’habiller. C’était vrai, mais cela n’est plus. De nos jours, ce sont les femmes qui attendent que les hommes soient prêts. Les femmes ont vu leurs robes simplifiées, tandis que les pauvres mâles s’habillent toujours comme il y a cinquante ans. Tandis qu’une femme enfile d’un seul coup chemise et robe, son mari se débat contre boutons, cravate et autres accessoires de son accoutrement disparate.
Des aviatrices comme Amélia Earhart ne pourraient se consacrer à leur métier si elles avaient des robes de jadis.
EXPLOITS DE FEMMES
Un palmarès féminin : Georgia Englehardt, âgée de 25 ans, a escaladé 90 sommets de montagnes, parmi lesquels le Mont-Victoria au Canada (près de 12,400 pieds d’altitude) en pleine tempête de neige. Virme Beatrice Mitchell, 19 ans, gagne 1,000 livres (environ 5,000$) par mois, dans une équipes de baseball. Mme Nancy Lee Nannetti, d’Oakland (Californie), possède quatre lions; lorsque l’un de ces lions eût avalé un os qui lui resta dans la gorge, Mme Nannetti plongea sa main dans la gueule du lion et en retira l’os.
Eleanora Sears, de Boston, a gagné une course à pied, devant deux étudiants à Harvard, ayant fait 72 milles en une journée.(…)
MOINS DE MENSONGES
Une preuve éclatante du progrès de la cause féministe, c’est que les femmes mentent de moins en moins. Depuis des siècles, la femme dépendait entièrement du mâle : pour avoir ce qu’elle voulait, elle flattait l’homme. Par la flatterie, elle parvenait à avoir ce qu’elle voulait; l’homme avale, tel le pélican, n’importe quoi pourvu que ce soit un compliment.
Mais depuis que les femmes gagnent elles-mêmes leur vie, elles ne flattent ni ne mentent plus; elles n’en ont plus besoin.
(Le Petit Journal, 25 novembre 1934)