Pages féminines d'un autre temps

Pages féminines d’un autre temps…Une agence pour éprouver les fiancés

PIxabay

Agence extraordinaire pour «éprouver» les fiancés!

Dans le but de protéger les jeunes filles, quelques femmes font la chasse aux «Don Juan»

BUCAREST, 31 décembre 1938 – Mon agence, Monsieur n’a pas pour but la découverte de voleurs ou de criminels au sens habituel de ces mots. Elle ne s’occupe pas non plus de donner des certitudes aux maris trompés, ne de créer des flagrants délits pour les personnes en mal de divorce.

Nous sommes à Bucarest, chez Mme Solofersco, qui vient d’ouvrir, dans la capitale roumaine, une agende d’un genre bien nouveau.

  • Mais alors, Madame?

«Notre unique ambition est de poursuivre sans relâche les séducteurs intéressés et sans scrupules qui abusent de la confiance naïve des jeunes filles peu averties. Don Juan, au théâtre, est sans doute un personnage prestigieux. Sa recherche incessante de l’amour nous émeut.

Mais si vous aviez vu comme moi, Monsieur, ce que sont les Don Juan dans la réalité, vous comprendriez la nécessité de notre institution. Aux escrocs de l’amour, nous livrons une guerre sans merci. Nous n’avons de cesse que nous n’ayons dévoilé les bassesses qui se cachent derrière un beau sourire et de langoureux yeux noirs. Combien de jeunes filles furent condamnées à une vie déchue, pour s’être laissé prendre aux pièges de ces misérables! Nous voulons remplacer les parents de l’orpheline sans défense. Nous mettons au service de toutes les femmes notre expérience de la vie et notre protection. Nous désirons mettre une barrière à la cupidité sans vergogne de certains hommes et nous n’hésitons pas à les livrer à la justice lorsque les circonstances l’exigent. Je m’efforce de donner à mes clientes tous les renseignements nécessaires leur permettant de juger de la fidélité et de la correction de l’élu de leur cœur.  Une de mes collaboratrices commence par faire la connaissance de l’homme en question. Elle doit d’abord se montrer très aimable et accepter les invitations éventuelles qui peuvent lui être faites, particulièrement dans les dancings et dans les bars. Si l’homme parle à sa nouvelle amie de ses récentes fiançailles, alors la preuve est faite qu’il s’est montré digne de confiance et notre tâche est terminée. Tente-t’il, au contraire, de nouer des relations avec sa nouvelle connaissance, alors, là aussi la preuve est faite; nous avertissons aussitôt notre cliente, à qui nous laissons le soin de prendre une décision.»

Mme Solofersco n’est pas peu fière des résultats obtenus. Elle a déjà sauvé bien des jeunes filles de l’emprise des Don Juan professionnels.  Elle possède d’émouvantes lettres de remerciement et, ce qu ne gâte rien, ses affaires semblent aller à merveille, ses collaboratrices – toutes très jolies – et elle-même, paraissent très heureuses.

Les jeunes gens de Bucarest n’ont qu’à bien se tenir. Mme Solonersco veille…

(Le Petit Journal, 1er janvier 1939)

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