Pages féminines d'un autre temps

Pages féminines d’un autre temps…Plaidoyer pour les femmes laides

Parce que cela faisait longtemps que je ne m’étais plongée dans de vieux journaux, cet article m’a fait sourire…

Comme quoi, je l’imagine, je ne suis pas la seule originale que cette terre ait portée !

Trouvé dans un vieux journal publié en janvier 1929, l’époque même ou Lucienne, mon arrière-grand-mère, arrivait à Montréal…

L’article n’est pas signé…

« Tu m’étonnes! » dit-elle de son air franchement interloqué !

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PLAIDOYER POUR LES FEMMES LAIDES

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L’art de Plaire Aux Hommes

Tout En N’étant Pas Jolie

À t-on jamais vu une femme reconnaître qu’elle n’est pas jolie? Pourtant, à Philadelphie, il s’en trouve une centaine capables de cet héroïsme. Elles ont fait mieux et proclamé publiquement leur disgrâce en fondant le « Club des femmes laides ».

Ces intrépides déshéritées se sont réunies récemment pour formuler leurs revendications.

Plusieurs femmes prirent la parole. Toutes s’élevèrent avec véhémence contre les hommes qui, par une incompréhensible manie, préfèrent les femmes belles aux laides.

« Et cependant, dit l’une d’elles, la femme laide a énormément plus de qualité que l’autre. Elle lest moins coquette, plus sérieuse, plus intelligente, plus affectueuse.  Au reste,la beauté ne dure pas. (Un vieux proverbe ne dit-il pas qu’elle ne se mange pas en salade?) Enseignons-donc à toutes nos sœurs en laideur l’art de plaire aux hommes tout en étant dépourvues d’attraits physiques. »

D’autres lui succédèrent à la tribune et abondèrent dans le même sens.

Enfin, la présidente, une dame de quarante et quelques printemps, portant lunettes, et d’une incroyable maigreur, résuma ainsi à la fin de la réunion, les vœux pieux des congressistes.

«Nous sommes réunies au nombre d’une centaine. Cela est peu. Il y a, à Philadelphie, beaucoup d’autres laides honteuses qui n’ont pas osé venir. Car, sur dix femmes, on compte généralement une belle, deux passables, trois insignifiantes et quatre laides, absolument laides comme nous nous faisons toutes ici la gloire et l’honneur de l’être. Malheureusement, je dois dire que beaucoup de laides se croient belles ou veulent le paraître. Je conseille à ces insensées de se renseigner sur ce que les hommes disent d’elles en leur absence.

Je lance donc cet appel à toutes nos sœurs en laideur : La beauté féminine n’a aucune importance, elle est, du reste, à la merci de l’âge et de la maladie. Faisons fi des moyens que la mode et la chimie nous offrent pour nous permettre de paraître belles, car c’est un supplice que de s’en servir.

La femme laide est préférable à la belle : elle est sensible, humble, charitable, obéissante, économe. La femme belle est coquette, dure, acariâtre, orgueilleuse, égoïste. Si les hommes ne s’en aperçoivent pas, c’est que ce sont des imbéciles. Détrompez-les! Ce n’est pas impossible. Guerre à mort à nos ennemies les belles! Syndiquons-nous! Et soyons fidèle à notre club! »

On peut se demander quel sort est réservé à ce club original!

(Le Petit Journal, «L’art de plaire aux hommes tout en n’étant pas jolie», 4 janvier 1929, page 19)

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