Pourquoi se soumettre ?
Pourquoi se soumet-on ? À l’ordre établi, à l’opinion des autres, à ce qu’on considère comme une réalité immuable ?
Voilà une question qui me trotte dans la tête depuis que j’ai revu récemment un vieux film de 1999 que j’avais vraiment beaucoup aimé, Sunshine, du réalisateur Istvan Szabo qui mettait en vedette Ralph Fiennes. Ce dernier y tenant notamment trois rôles, soit ceux d’Ignatz, de son fils Adam et du petit- fils Ivan, ce qui en soit est assez exceptionnel !
En bref, cette grande fresque historique retrace les moments forts des derniers cent ans de l’histoire de l’Europe et tout spécialement en Hongrie, en traçant le portrait de trois personnages, trois générations de père en fils.
Commentée par Ivan Sonnenschein, l’histoire commence avec l’arrière grand-père Emmanuel qui réussit à bâtir la fortune familiale en utilisant une recette unique pour la fabrication d’un tonique, portant le nom de la famille : « Sunshine ». Ignatz, l’aîné des deux fils, profite de la richesse et de la respectabilité de sa famille pour étudier le droit. Il obtient rapidement un poste très en vue, celui de juge et ce, malgré les énormes obstacles à caractères antisémites. Cependant, pour l’obtenir, on exige de lui qu’il change son nom à consonance judaïque. Il choisit Sors, un nom plus Hongrois.La première guerre Mondiale débute pendant lesquelles il passera quatre ans loin de son foyer. Lorsqu’il revient, sa femme demande le divorce mais ils auront eu ensemble deux fils, Istvan et Adam. Ce dernier deviendra un escrimeur exceptionnel et médaillé Olympique. De lui, on exige qu’il change de religion et comme son père, il renie son héritage et se convertit à la religion catholique. Malgré tous les efforts et les sacrifices pour prouver sa loyauté envers son pays, Adam constate qu’il n’a jamais été accepté et il ne peut éviter les horreurs de la déportation et des camps de concentration durant la deuxième Guerre Mondiale. Son fils Ivan alors adolescent, sera témoin de sa mort atroce dans un camp ou ils ont été tous deux déportés. À son retour des camps, Ivan choisit la politique, le moyen le plus efficace pour exorciser sa haine. Il veut se venger et nettoyer le pays de la corruption, responsable de la mort de son père. Il découvrira en très peu de temps qu’il est devenu lui aussi, l’instrument d’un régime en apparence juste, mais derrière lequel se cache l’hypocrisie, la manigance, l’injustice, la dictature et le crime. Au nom de la justice, il passera quatre ans de sa vie en prison. Ces quatre années l’ont cependant transformé ! Prêt à tout pour défendre ses droits et ses racines, il entreprend de dénoncer le régime sur la place publique. Un film magnifique, vraiment !
Dans une scène particulièrement touchante, alors que Ivan est revenu du camp de concentration après y avoir assisté à la mort de son père, battu à mort par les allemands (à mon avis l’une des scènes les plus troublantes de tout ce que j’ai pu voir au cinéma !), son oncle lui demande combien ils étaient de juifs face aux tortionnaires qui battaient son père. Des milliers face à tout au plus une dizaine de nazis ? L’oncle lui demande alors pourquoi ils n’ont pas défendu son père, alors qu’ils étaient tellement plus nombreux que les allemands…
D’où ma question, pourquoi se soumet-on ? À ce qu’on considère comme immuable, alors que nous pourrions tellement mais tellement passer outre ? Pourquoi préférons nous justifier nos limites plutôt que de tenter de les contourner ?
Par peur de l’inconnu ? Par peur de constater que nous ne sommes pas dénué de pouvoir sur notre vie ? Que nous aurions le pouvoir de changer des choses, si on le voulait vraiment ? Combien de fois en effet accordons-nous plus de crédit à l’opinion des autres qu’à la nôtre!
Je n’ai pas nécessairement de réponses à tout ça mais je dois avouer que ces questions me trottent dans la tête ces temps-ci alors que découvrant des pans de mon histoire familiale que je ne connaissais pas nécessairement, j’ai envie plus que jamais que mon avenir ressemble à la fille que je suis, un bel amalgame entre mes valeurs personnelles et les parties de cet « héritage » qui me conviennent malgré tout. Mais en étant capable néanmoins de rejeter toute la partie plus sombre qui finalement, ne m’appartient pas…