littérature

Rencontre avec Ananda Devi

Ananda Devi, Photo: Chroniques d’une cinglée
J’ai assisté hier, dans le cadre du Métropolis bleu, à la rencontre avec l’écrivaine originaire de l’Ile Maurice, Ananda Devi. Une rencontre aussi intime (nous étions une vingtaine de personnes !) qu’enrichissante et que j’ai particulièrement appréciée !
Comme elle l’avouait elle-même, elle dit avoir été très influencée par la très connue femme de lettres anglaises, Virginia Woolf dont l’écriture recelait une grande force mais qui paradoxalement, était beaucoup plus fragile au quotidien. Voir dépressive, comme on le sait, un penchant qui allait d’ailleurs la mener jusqu’au suicide.
Au cours de cette rencontre de deux heures, j’ai beaucoup aimé qu’en plus de parler de son œuvre – dire qu’elle est abondante serait probablement un euphémisme ! – Ananda Dévi ait aussi parlé du travail d’écrivain en lui-même. Un travail qui selon elle demande une certaine forme d’égoïsme chez l’artiste, que ce soit dans ce besoin s’isoler pour écrire par exemple ou par ce besoin de distance ou même d’avoir son espace à soi, autant physique que mental, tel que le prônait d’ailleurs elle-même Virginia Woolf dans son livre « Une chambre à soi ». 

Ananda Devi, Photo: Chroniques d’une cinglée
Je dois personnellement avouer que je me suis sentie rassurée moi-même face à ce que je vis parfois, face à mon besoin d’écrire, lorsqu’elle a elle même parlé de cette impression de morcellement qu’elle vivait parfois, face à sa famille par exemple qui dans ses besoins semble parfois lui « usurper » ce temps dont elle a besoin pour elle, en tant qu’artiste.
Et puis, elle a aussi parlé de ce temps ou elle écrit comme étant le seul moment ou elle se sent entière, à sa place. Mais paradoxalement aussi, d’une certaine gène face à sa famille, ses deux fils notamment, dont elle n’a pas toujours envie qu’ils puissent lire tous ses écrits…
Parmi les auteurs de l’Océan Indien, Ananda Devi est vue comme une figure majeure dont l’œuvre compte parmi les plus prolifiques. Autant des romans que des recueils de poèmes et plusieurs nouvelles y figurent. Et dans cette œuvre, des thèmes puissants: la recherche des ténèbres, l’autodestruction causée par différentes formes d’enfermement, les failles de l’humain et les différents visages des êtres… Un certain féminisme même alors qu’elle parle de l’insoumission de ses personnages féminins, que ce soit dans la souffrance d’une femme indienne qui refuse d’être étouffée par les traditions (Le Voile de Draupadi) ou du mariage arrangé qui se distingue par le fait que son personnage se refuse à son mari (Pagli). En plus de bien d’autres thèmes qui viennent s’ajouter à cela, la prostitution (Rue de la Poudrière), le parricide (L’arbre fouet), rejet de la laideur (Moi, l’interdite). Et encore ! L’exclusion, de l’altérité, de la déviance et de la souffrance, qu’elle dénonce,de même qu’un certain climat étouffant d’une société cloisonnée.
Pour elle, publier serait ainsi un pur acte de libération, de liberté, face à son entourage. Presque un acte de rébellion à la limite..
Et en terminant, elle a posé la question de savoir s’il existait vraiment un sujet sur lequel nous n’avions pas le droit d’écrire.
Et vous, qu’en pensez vous ? Y a-t-il quelque chose sur quoi nous n’ayons pas ce droit d’écrire ?

4 commentaires

  • Anonymous

    Quelle rencontre enrichissante tu as eue avec Ananda Devi !

    Il y a ce thème qui revient souvent lorsque nous désirons écrire ; celui d'avoir l'impression de « voler » du temps à ceux qui nous entourent.

    Nous aimerions nous isoler pour n'écouter que notre inspiration, mais la vie quotidienne nous fait vivre le contraire – mis à part quelques exceptions.

    Il m'est arrivé d'écrire en début de nuit pour être présente aux miens durant la soirée après la journée de travail.

    Tu demandes s'il y a des choses sur quoi nous n'avons pas le droit d'écrire ? Je ne crois pas. Je crois qu'on peut parler de tout dans un livre – même dans une biographie. Pourquoi fausser les faits ?

    D'un autre côté, il faut également prendre en considération les sentiments que vivront les personnes dont nous aurons parlé (toujours dans une histoire vraie) lorsqu'ils liront ce que nous aurons écrit.

    La ligne à franchir ou pas n'est pas toujours facile. Mais, pourquoi ne pas oser…

    Bon dimanche Marie,

    Marjo

    • MARIE

      Bonjour Marjo ! Effectivement, elle est parfois bien mince cette ligne que l'on peut franchir ou pas afin de ne blesser personne ! Car même si on se dit que c'est notre histoire et qu'on a se droit de nous l'approprier, d'autres pourraient n'avoir qu'une envie, faire comme si ces moments de vie n'avaient jamais existé. Ça me confirme de plus en plus que pour mon histoire, je pense l'écrire sous une forme plus romancée. Car de toutes façons, cette histoire que je veux raconter, ce ne sera jamais que mon point de vue bien personnel n'est-ce pas ? Chose certaine, ce genre de rencontre est infiniment enrichissante ! J'ai déjà hâte à l'an prochain !

      Bonne journée à toi !

      Marie

  • Étoile

    Tu as eue la chance de rencontrer une très bonne écrivaine.Je crois que lorsqu'on fait le choix d'écrire sur soi et ses proches,il faut être prêt à vivre avec notre décision. Écrire pour raconter un sujet quelqu'onque n'a pas le même impact c'est certain.Écrire sur soi c'est mettre ses trippes sur la table à la vue de tous. Une femme que j'ai connue il y a de nombreuses années avait décidé elle aussi d'écrire pour donner des conférences ensuite à l'extérieur. Elle avait parlé d'un avortement qu'elle avait eu à un jeune âge.Sa famille n'était pas au courrant.Elle a reçu un appel de sa mère quelques jours plus tard lui disant qu'elle venait d'apprendre pour l'avortement. Cette femme a vécu du rejet malheureusement par plusieurs membres de sa famille.Elle a eut beaucoup de regret d'avoir fait ce choix d'écrire et me disait que si c'était à refaire elle ne parlerait jamais de tout ça. Pour moi,tous les sujets peuvent être abordés en autant que l'on soit capable de vivre avec tout nos écrits. On écrit d'abord pour libérer le trop plein et pour soi avant tout. Moi je ne regrette pas mes écrits,ça m'a permis de faire un gros ménage dans ma vie. Les sentiments ne sont ni bons ni mauvais,ils sont point. C'est selon moi la même chose pour les autres. Merci chère Marie pour ce billet.Fait toi confiance. Bonne journée de la terre à toi et tes lecteurs.

    • MARIE

      Je suis d'accord avec toi chère Étoile que ce qui est important, c'est sans aucun doute d'être prêt à assumer ses écrits, peut importe ce qu'en penseront les autres. Pous moi aussi le fait d'écrire m'aide énormément à faire du ménage dans mes pensées, dans ce qui m'appartient et dans ce qui parfois, je le réalise, ne m'a jamais appartenu mais que j'ai néanmoins porté pendant longtemps. Peut-être faut-il simplement se dire que nous n'avons qu'une vie à vivre et que la monde ne s'arrêtera pas parce qu'on a écrit quelques lignes qui peut-être ne feront pas l'unanimité. Mais qu'importe ! Le mieux qui puisse arriver c'est qu'au contraire, ça libère aussi d'autres membres de la famille !

      Bonne journée à toi !

      Marie

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

error

Enjoy this blog? Please spread the word :)

Follow by Email