littérature

Rencontre avec Eduardo Manet

Éduardo Manet, Métropolis Bleu, Photo: Chroniques d’une cinglée
Samedi dernier, fin de journée dans une salle minuscule mais archi-bondée d’une librairie espagnole montréalaise associée au Métropolis Bleu, l’écrivain Éduardo Manet débute sa présentation dans le cadre de l’événement Écrivains en péril.
Drôle, sympathique et généreux. Difficile à mon avis de décrire autrement le personnage qui parmi ses «amis» compta notamment des catholiques, des marxistes, certains détestant Franco… Les frères Raul et Fidel Castro de même que le Che Guevera lui même ! De lui il dira d’ailleurs qu’il avait une certaine fascination pour ce petit asthmatique devenu un athlète fumant le cigare…
Comment écrire ? «Rêvez et racontez vous des histoires. Tout le monde peut le faire». Car selon lui, c’est un devoir d’écrire nos histoires de familles. Pour conserver la mémoire. Une mémoire d’ailleurs qui selon lui, se perd de plus en plus. «Une jeunesse qui n’a pas de mémoire, c’est tragique».
Et des histoires, lui, ce n’est pas ce qui lui manque je vous assure car il en a plein ses valises ! Sa mère d’abord qui s’est inventée des origines…. Des origines qui d’ailleurs changeaient à chaque jour, au gré de ses humeurs ! Et c’est ainsi qu’en fonction de la personne qui se trouvait devant elle, elle pouvait tout aussi bien se proclamer syrienne, mauresque ou même gitane….  Évoquant même parfois son arrière-grand-mère turque… Elle racontait par ailleurs qu’Éduardo était né un jour de tremblement de terre, l’un des plus gros qu’ait connu Santiago de Cuba… Son fils né un 19 juin, elle en a changé l’année dans les papiers de sorte qu’Éduardo est dans les faits trois ans plus jeune dans la vraie vie que sur les papiers officiels !  
«La vie est dure, mon fils, murmurait-elle en caressant mes cheveux aussi noirs, bouclés et huilés que les siens. Sache que je ne mens jamais, je donne juste un peu de couleur aux choses qui sont grises. J’invente une stratégie de survie. Un jour tu comprendras. Je te le promets, un jour,  je te dirai tout.» (Mes années Cuba)
Reste que cet esprit fantasque qui était celui de se mère, Éduardo l’a fait siens !
Éduardo Manet, Photo: Chroniques d’une cinglée
Il quitte Cuba une première fois dans les années cinquante et c’est ainsi que de 1952 à 1960, il séjourne en France en tant qu’étudiant de Tania Balachova et de Pierre Bertin avant d’entrer dans la compagnie Jacques Lecoq. Il revient à Cuba en 1960, période pendant laquelle il deviendra directeur général du Centre dramatique cubain, réalisateur et scénariste à l’Institut du Cinéma Cubain… Avant de quitter définitivement Cuba en 1968. Écrivant quantité de livres, certains primés. «La Mauresque» (Gallimard, 1982), «L’Île du lézard vert» (Prix Goncourt des lycéens en 1992, Flammarion, 1992), «Habanera» (Flammarion, 1994), et «Rhapsodie cubaine» (Grasset, 1996) notamment.
Je dirai que cette présentation a eu pour seul défaut…de passer plus rapidement que l’éclair !  J’en aurait pris encore ! C’est pourquoi je me suis empressée de télécharger sur ma liseuse le livre «Mes années Cuba», livre qui couvre son enfance et sa vie de jeune adulte, jusqu’à l’exil en 1968. Et que je m’attaquerai sous peu à son tout dernier livre, «Le fifre», dans lequel il nous apprend sa filiation avec le célèbre peintre…
Vraiment ! Une belle découverte !

2 commentaires

  • Anonymous

    Bonjour Marie,

    Nous avons le sentiment lorsque nous rencontrons des personnes comme Éduardo Manet – qui ont un parcours de vie tellement rempli – que le nôtre de parcours est bien timide comparé.

    Mais est-ce vraiment le cas ? N'avons-nous pas tous des bouts de sentiers qui présentent des moments de vie uniques – qu'ils soient beaux ou tristes – qui nous enrichissent ?

    Je crois que le mieux c'est de ne pas nous comparer, mais de vivre pleinement notre quotidien et lorsque l'inspiration vient à nous, d'écrire sur nos ancêtres afin de laisser une « histoire » à notre descendance.

    Il ne faudrait surtout pas que la mémoire collective se perde ; c'est un bien précieux.

    Bonne journée,

    Marjo

  • MARIE

    Je ne crois pas qu'il faille se comparer ! Chacun a son parcours de vie bien différent de celui des autres. Et ne pas banaliser notre parcours non plus: parfois en le racontant, on se rend compte qu'on en a aussi des choses à raconter ! Et je suis bien d'accord que c'est triste une mémoire collective qui se perd !

    Bonne journée (grise et pluvieuse !) à toi Marjo !

    Marie

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