Retour dans le temps, prise 14… ou l’Art du savoir vivre
Une très vieille photo trouvée dans un marché aux puces… |
Enfin vendredi ! Et avec lui, l’arrivée de vacances vraiment tellement attendues !
Pour terminer la semaine de façon légère, j’ai donc décidé de vous présenter l’extrait d’un livre sur lequel je suis tombée et qui expliquait tout cet art (un peu perdu ?) du savoir vivre…publié quelque part en 1906. Cette «belle époque» ou tout, absolument tout, était régit par les règles du savoir vivre, des visites aux réceptions, en passant par la correspondance, les sorties, les cadeaux ainsi que les réunions de famille.
Dieu que les temps ont changé !
Mais est-ce vraiment une si mauvaise chose ?
En fin de billet, vous trouverez le lien pour pouvoir télécharger ce bouquin, advenant que vous ayez une passion aussi grande que la mienne pour les vieux livres poussiéreux, maintenant accessibles du bout des doigts, par la magie d’Internet…
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LE SAVOIR-VIVRE
1. —Le savoir-vivre —
Le savoir-vivre est la pratique de toutes les règles du bon goût, de la politesse et des usages reçus. Il est l’indice d’une bonne éducation, la marque d’un respect de soi-même et des autres. Il est donc utile à la jeune fille de le connaître dans ses points les plus essentiels.
2. —La toilette —
Dans sa toilette, il ne faut apporter aucune exagération d’élégance ou de simplicité. On doit s’habiller selon sa condition et son âge. Une bonne ménagère se munit toujours d’une toilette pour les fêtes, les cérémonies et les visites. Elle la confectionne avec des étoffes solides pouvant être utilisées plus tard pour les robes d’intérieur ou pour les vêtements des enfants. Elle suit la mode avec goût et bon sens, choisissant les teintes,les façons, les garnitures qui lui siéent le mieux et datent le moins. Elle se rappelle que l’élégance ne consiste pas dans une abondance d’ornements, mais dans une coupe gracieuse et dans une parfaite harmonie de tons.Il est entendu qu’une jeune fille ou une femme sérieuse évite avec soin les faux bijoux, les paillettes clinquantes, les garnitures surchargées, les teintes trop vives et heurtées qui attirent les regards et provoquent toujours des réflexions malveillantes. Des chaussures irréprochables, des gants frais, une robe simple, de forme et de nuance soignées, allant bien; un chapeau seyant et gracieux, constituent dans n’importe quelle position de fortune, la toilette d’une femme vraiment élégante et de bon goût. Dans son intérieur, la femme ne doit jamais se montrer échevelée, avec des vêtements déchirés ou en désordre. Jamais sa tenue ne doit être négligée, si simple qu’elle soit. Dès son lever, elle doit se laver, se coiffer et revêtir des vêtements propres, faciles à nettoyer, avec lesquels elle peut aisément vaquer aux soins du ménage. En agissant autrement, elle produirait dans son entourage une impression pénible et donnerait à ses enfants l’exemple du désordre et de la malpropreté.
3. — Les Visites —
Une femme s’occupant de son intérieur ne peut être toujours hors de chez elle ; cependant, il est des visites qu’elle ne peut se dispenser de faire. On ne rend pas de visite avant 2 heures ni après 6 heures. Les visites, dites de cérémonie, ne durent jamais plus de 10 minutes. Avant d’entrer, on dépose dans le vestibule les parapluies, les manteaux mouillés, tout ce qui pourrait salir ou encombrer. Les hommes gardent leur chapeau à la main. Il faut s’efforcer d’entretenir la conversation tout en ne causant que de choses intéressant les personnes présentes, et évitant avec soin celles qui pourraient paraître choquantes ou blessantes. Inutile de dire que l’on s’informe toujours de la santé des membres absents de la famille, et, en partant, on prie la maîtresse de la maison de leur offrir ses respects, ses compliments ou ses amitiés, selon leur âge et leur situation.Si l’on ne trouve pas chez elle la personne à laquelle on voulait faire visite, on remet au domestique ou on jette dans la boite aux lettres une carte de visite, cornée en haut.
4. —Les dîners —
Quand on reçoit des amis à déjeuner ou à dîner, on s’efforce de leur rendre le plus agréables possible les heures qu’ils passent chez vous. On n’invite d’abord que des personnes ayant du plaisir à se trouver ensemble, et on les place de façon à éviter tout froissement: les hommes auxquels on veut faire honneur, à droite et à gauche de la maîtresse de la maison, les dames dans les mêmes conditions près du maître. (…) Elle sait faire causer ses convives et détourne tout de suite la conversation quand elle prévoit qu’une discussion peut s’élever ou qu’un propos pourrait blesser l’un des invités. Elle s’efforce de fournir successivement à chacun de ses hôtes l’occasion de parler de son sujet favori et de montrer ainsi son esprit ou ses connaissances.
Si la maîtresse de maison a des devoirs à remplir avec ses invités, ceux-ci en ont également envers elle. Quand on va dîner chez les autres, il ne faut arriver ni trop tôt, ni trop tard. Est-il nécessaire de rappeler les usages reçus ? Une jeune fille bien élevée s’efforce de manger sans salir la nappe ou sa serviette ; elle mange de tout modérément, ne coupe pas son pain avec le couteau, ne saisit pas les os avec les doigts, boit peu et jamais la bouche pleine, ne s’accoude pas sur la table et évite de faire un bruit désagréable en mastiquant. Pour manger le poisson et les légumes, elle ne se sert que de sa fourchette. Elle coupe le fromage en petits morceaux qu’elle porte à sa bouche en les posant sur une bouchée de pain. Elle coupe les pommes, les poires en quatre parties, enlève avec le couteau les pépins et la peau de chaque quartier. Elle ne prend jamais directement la parole et répond avec amabilité et naturel quand on l’interroge. Elle évite les apartés et se montre modeste et réservée. Après le repas, elle doit aider, sans gaucherie, la maîtresse de maison à servir le café, le thé. Si on l’invite à chanter, à faire de la musique ou à réciter, elle doit le faire simplement et de bonne grâce.
5. —La correspondance —
La femme doit apporter dans tout ce qu’elle fait du soin, du tact et de la délicatesse. Elle sera donc minutieuse et attentive dans sa correspondance, tout en restant simple et naturelle. C’est un manque d’éducation d’envoyer une lettre semée de fautes d’orthographe, sans ponctuation, écrite sur un papier chiffonné et surchargée de lignes en tous sens. Une femme bien élevée soigne la forme de toutes ses lettres, même quand elle écrit à des intimes. Elle se souvient que, pour écrire à un supérieur, on n’emploie que du papier blanc. Quand il s’agit de la correspondance ordinaire, la fantaisie peut se donner libre cours pour le choix du papier. On ne se sert de cartes postales que dans les rapports familiers ou pour la correspondance commerciale. Les cartes de visite s’envoient au jour de l’an. C’est un rappel d’amitié ou une marque de politesse qu’il ne faut pas omettre. (…).
6. —Les sorties et les voyages —
Il faut être polie partout, même avec les inconnus. Dans la rue, une jeune fille laisse le haut du pavé, c’est-à-dire le côté des maisons aux personnes plus âgées qu’elle. Elle salue gracieusement et sans affectation les gens de sa connaissance. Elle évite les arrêts et les longs entretiens ainsi que les stations prolongées aux étalages. Elle s’efforce de marcher convenablement, sans se salir, ne parle, ni ne rit tout haut ; ne gesticule jamais et ne se retourne pas vers les passants. Elle est aussi polie dans les magasins, explique bien ce qu’elle désire, ne critique pas les marchandises et évite d’attirer l’attention. En chemin de fer, en omnibus, elle ne s’installe pas à la meilleure place, n’ouvre ni ne ferme les vitres que sur le consentement des autres voyageurs. Elle évite de causer avec ses compagnons de voyage et se montre serviable envers les enfants et surtout envers les personnes âgées.
7.— Les cadeaux —
Si on vous offre un cadeau, témoignez toujours un vif plaisir en le recevant ; gardez-vous bien de toute réflexion qui pourrait faire penser au donateur que son choix n’est pas heureux. Si vous offrez quelque chose, accompagnez votre cadeau de paroles aimables et gracieuses. Dans le choix de ses dons, une jeune fille doit donner la préférence aux objets qu’elle peut confectionner elle-même. Ce qui fait la valeur d’un cadeau, ce n’est pas le prix qu’il a coûté, mais la peine qu’il a causée à celui qui l’offre. (…)
8. — En famille—
S’il est indispensable de se montrer bien élevé au dehors et dans ses relations, il ne l’est pas moins de se montrer tel dans la famille. Bien des gens, aimables et courtois en société, sont impolis et grincheux dans leur intérieur. Ils se privent ainsi de bien des joies et rendent autour d’eux la vie insupportable. Une jeune fille bien élevée est douce, polie, respectueuse et serviable envers sa famille. Dès son enfance, elle a été habituée à un langage correct et réservé ; sa mère ne lui a jamais permis ni caprice, ni emportement, ni trivialité. Elle a veillé sur sa tenue, ses actes, ses paroles avec un soin incessant; on lui a appris à se bien tenir, à éviter l’indolence et la trop grande vivacité ; à respecter les grands parents,leurs facultés fussent-elles affaiblies par l’âge ou la maladie :à se montrer polie et bienveillante pour les domestiques, les employés, les ouvrières; prévenante pour ses parents; complaisante pour ses plus jeunes frères et sœurs, tolérante et serviable pour tous. Elle supplée sa mère et fait elle-même le service, sait prévenir ses moindres désirs, rappelle doucement à l’ordre ses jeunes frères et sœurs et ne se montre jamais ni gourmande, ni exigeante.Elle obéit immédiatement, sans murmure, ni récrimination; se montre discrète, patiente et empressée. Enfin, se rappelant les fatigues quelle a causées, elle en témoigne sa gratitude par un amour sincère et dévoué. Et c’est en agissant ainsi que la jeune fille se fait aimer et se prépare à devenir une bonne mère de famille.»
(L’Éducation Ménagère À l’école Primaire, par J.-B. Lalanne, ancien instituteur, Inspecteur primaire et Bidault, Ancien Instituteur Professeur d’École normale, 1906, Pages 171-176)
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J’adore vraiment ce genre de portrait plutôt empesé d’une autre époque !!!
On peut donc télécharger ce livre tout à fait gratuitement, en se rendant tout juste ici. Je n’ai aucun doute que vous y ferez des découvertes des plus enrichissantes !
6 commentaires
Étoile
C'est très intéressant de lire ces écrits d'une autre époque.Les temps ont bien changé.Des fois pour du mieux et d'autres pour du pire.La photo ressemble étrengement à celle de ma mère lorsqu'elle était pensionnaire à Joliette. Je m'en vais pour quelques jours dans un chalet.Je vais pêcher,lire,rêver,dormir,manger, et rien faire…Je te souhaite de très bonnes vacances.Profites en`pleinement et merci pour tes billets Marie qui sont bien appréciés. J'ai téléchargé ce livre.J'aurai beaucoup de lecture à faire à mon retour j'adore ça!
MARIE
Bonjour Étoile ! Je te souhaite de bonnes vacances alors !! Je pars aussi demain pour le Nouveau-Brunswick ! Vive les vacances qui seront vraiment très appréciées n'est-ce pas ? J'apporte aussi le livre d'Éducation ménagère: je pense que je ne manquerai pas de sourire plus d'une fois en le lisant 🙂 Tu pourras aussi me dire ce que tu en auras pensé 😉
Alors profites bien de tes vacances toi aussi !!
Marie
Anonymous
Bonjour Marie,
Pourquoi les règles du « savoir-vivre » ne s'appliquaient qu'aux jeunes filles ? Est-ce que ça veut dire que ces messieurs pouvaient faire ce qu'ils voulaient en société ; comme poser leurs pieds sur la belle table à café de la madame, de souffler la fumée de leur odieux cigare (qui sentait si mauvais dans les souvenirs que j'ai de mon grand-père maternel) et de (excuse) l'expression « roter » à la table et j'en passe… ?
Ces règles pour la gente féminine me semblent tellement lourdes à suivre, mais surtout, il manque une chose essentielle – surtout lorsqu'on reçoit – qui est la spontanéité.
Mais la plus injuste c'est que les jeunes filles ne devaient pas se montrer trop intelligentes… ? Quelle horreur ! Heureusement que Marie Curie a fait « fi » de cette pensée.
Je te souhaite de très belles vacances au Nouveau-Brunswick. Je ne sais pas si ce sont tes premières vacances dans cette belle province, si oui, tu vas adoré les gens – tout particulièrement – les Acadiens qui sont tellement gentils.
Profites-en au maximum et bonne lecture !
Marjo
MARIE
Bonjour Marjo ! Comme toi, je trouve que ces règles révolues (fort heureusement !) étaient tellement lourdes envers les jeunes filles ! Comme quoi, ce n'est pas d'hier que c'est deux poids, deux mesures lorsqu'on parle d'hommes et de femmes… Ça me fait réaliser à quel point le fait que mon arrière-grand-mère ait abandonné mari et enfants en 1928 ait pu faire scandale !!! Et la détermination sans doute dont elle a du faire preuve pour se sortir d'un rôle dont visiblement, elle ne voulait pas à cette époque !
Quant au Nouveau-Brunswick, je connais plutôt bien car ma belle-famille en est originaire ! J'y suis donc allée à quelques reprises ! C'est vraiment un plaisir de dépaysement que d'y passer un moment, avec la mer à proximité et comme tu le dis si bien, la gentillesse incomparable des gens de là bas ! Malheureusement, je suis allergique sévère aux fruits de mer (épouser un «acadien» dans ces conditions, c'est un peu vivre dangereusement n'est-ce pas ? 🙂 alors je dois chaque fois être très prudente à ce niveau mais je trouve toujours le moyen d'en profiter tout de même !
Une bonne journée à toi !
Marie
Luc mister no stress
Bonjour Marie,
Que de devoirs et de contraintes !
On dirait un autre monde, et pourtant ça n'est pas si loin…
heureusement que ça a évolué…
Merci de ce rappel et à bientôt
Luc Mister-no-stress
MARIE
Difficile de croire de nos jours qu'à l'époque de nos grands-mères, les codes de vies aient pu être aussi rigides n'est-ce pas ? Je trouve fascinant de voir à quel point les choses ont changé en une petite centaine d'années ! Fort heureusement !!!
Une bonne journée à toi Luc et merci de ta visite !! C'est si rare d'avoir des gars ici 🙂
Marie