Pages féminines d'un autre temps

Retour dans le temps, prise 5 ou de l’Art de la conversation au temps de l’avant-guerre

Crédit: IStock
Complètement flagada la madame ! (comme quoi, ce n’est pas parce qu’on manque de vigueur qu’on ne prend pas la peine de chercher si un mot existe vraiment n’est-ce pas ?)…

Mais quoi qu’il en soit, j’imagine que ça ne change pas grand chose au phénomène ! Car en ce merveilleux printemps plus souvent gris et pluvieux (exception faite d’aujourd’hui !), j’ai hérité d’une merveilleuse et irréductible…laryngite !

Résultat ? Zéro inspiration. Et encore moins d’énergie pour aller fouiner sur le net, histoire de voir si la chose pourrait se corriger comme par miracle…

Alors voilà, j’ai pensé vous laisser, une fois de plus, à la découverte de mes magnifiques journaux issus d’une autre époque. Vous évitant ainsi de parler du «dernier crime, de la nouvelle pièce, du dernier roman, ou du conférencier en vogue…» 
Ce qui avouons-le, serait le comble du manque d’originalité 😉
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Lettre aux jeunes gens

La conversation mondaine
S’il est difficile de bien écrire, il n’est guère plus aisé de bien parler. Dans les réunions mondaines ou chacun apporte un soin particulier à l’expression de ses idées, il y a en général un peu de raideur, ou trop de précision, on ne sent pas cette aimable improvisation qui fait le charme de la conversation; le convenu occupe une trop grande place, « l’élégant badinage » n’est plus de mise, on tombe dans les excès: ou bien, trop de retenue; ou bien, trop de laisser aller.
Du reste, de quoi cause-t-on dans un salon ? Cela dépend du salon; c’est-à-dire de la maîtresse de maison et de ses invités. Aujourd’hui, la conversation est plus décousue que jamais, ce sont des phrases détachées, paradoxes, aphorismes, et cependant, les sujets traités sont en nombre restreints; mais à la même époque, ils sont les mêmes partout et ils sont envisagés suivant un mode uniforme et impersonnel, dépourvu de toute originalité et, par le fait, effroyablement fastidieux.
On causera du dernier crime, de la nouvelle pièce, du dernier roman, ou du conférencier en vogue; on essaiera, pour paraître intellectuel, de « causer littérature ». À cet effet, on annoncera à rebours le titre d’un ouvrage qu’on n’a pas lu et en l’attribuant à un auteur qui ne l’a pas écrit:
On « causera philosophie ». Ici on est plus à l’aise, toutes les divagations sont permises, toutes les excentricités de l’esprit autorisées, la raison n’a plus rien à faire, personne ne fait appel à elle; que voulez-vous, il lui faut bien ses vacances…
Qu’il me semblerait plus juste et plus agréable de traiter en commun les sujets tout simples, sur lesquels chacun pourrait donner son avis, au lieu de chercher des choses extraordinaires; pas de spécialités, dont la compréhension n’est réservée qu’à quelques-uns, pas d’histoires morbides ou d’admirations malsaines, mais une conversation naturelle et simple à laquelle tout le monde puisse prendre part et s’intéresser. N’ayez pas honte de revenir sur des sujets déjà un peu rabattus, ne cherchez pas à tout prix à faire du neuf, traitez d’une façon nouvelle d’antiques lieux communs, ne les redoutez pas. Brunetière disait d’eux qu’ils étaient « le pain quotidien de la vie de l’esprit »; il est des choses qui ont besoin d’être répétées. D’autre part, soyez certains que si votre conversation est bien vivante, bien saine et spirituellement diverse, elle sera pour nous et pour les autres la plus charmeuse des distractions .
(-J. Du Puy de Goyne, La Mode illustrée, Journal de la famille, No 46, Dimanche 16 novembre 1913, page 731)

6 commentaires

  • Anonymous

    Bonjour Marie,

    En lisant ton billet – d'hier – je me voyais dans le Salon de Juliette Récamier avec comme illustres invités – Balzar, Musset et Victor Hugo. Tu imagines les conversations lorsque ces écrivains étaient réunis ? Ah ! si nous pouvions remonter le temps… !

    Fais attention à ta gorge. Offre-lui un peu de miel, peut-être ? C'est tellement douloureux une laryngite ; j'espère qu'avec une deuxième journée ensoleillée et chaude tu pourras te reposer au soleil et guérir ta gorge.

    Bon dimanche,

    Marjo

    • MARIE

      Bonjour Marjo ! Il me faudra visiblement plus que du miel car suite à une visite chez le médecin ce matin, il semble que ce soit une bronchite aigüe qui m'assaille 🙁 Au moins, la chose diagnostiquée et les médicaments prescrits, j'imagine que la santé reviendra bien vite !

      Mais le soleil, on prend n'est-ce pas ?

      Une belle journée !

      Marie

  • Anonymous

    Vite, soigne-toi bien ! Et surtout n'en fais pas trop. Il faut prendre au sérieux une bronchite aigüe.

    Prends bien soin de toi et laisse de côté – pour quelque temps- ton blogue. Nous comprenons très bien que tu ne puisses te reposer si tu es à écrire ou chercher des articles pour nous insatiables lectrices et lecteurs.

    Le mot du jour : REPOS ! REPOS ! REPOS !

    Je t'envoie des ondes positives, chère Marie.

    Bon REPOS,

    Marjo

    • MARIE

      Merci Marjo ! Je compte bien prendre les choses plus calmement cette semaine (du moins, essayer 😉 Parfois, c'est un peu comme si la vie, ou notre corps, nous obligaient à prendre une pause lorsqu'on ne sait pas toujours le faire soi même !

      Une bonne journée à toi !

      Marie

  • Étoile

    En lisant ton billet, je pensais à des conversations fort intéressantes que j'ai eut avec certaines personnes.Prendre le temps d'écouter aussi est un art qui se perd malheureusement.Je te souhaite la santé et surtout de prendre le temps de remonter la pente. Bon lundi chère Marie!

    • MARIE

      Merci Étoile ! Un petit lundi de repos en fait car j'ai passé une journée bien calme, à regarder des films et à dormir un peu. Parfois c'est bien nécessaire 😉

      Une bonne journée à toi aussi !

      Marie

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