Saint-Jean-Baptiste et autres réflexions
Quant on y pense, on réalise qu’une quantité extravagante de personnes passe dans nos vies, y gravitant parfois le temps d’un clin d’œil, parfois plus longtemps… Une minorité d’entre eux cependant y laisseront une trace durable…parfois même à leur insu.
Ainsi, je me souviens qu’alors que j’étais étudiante pré-universitaire, vivant avec une co-locataire comme c’est bien souvent le cas à cette période de notre vie, nous nous étions retrouvées elle et moi lors de la St-Jean-Baptiste dans un immense rassemblement sur l’Ile-Ste-Hélène. C’était quelque part à la fin des années 1980 et j’avais environ… 20 ans à l’époque !
Nous étions accompagnées du copain de Sarah et du frère de celui-ci, un grand gaillard qui entré dans l’armée avait eu une permission. Un moment donné dans la soirée, je me souviens d’une foule immense, tellement incroyable, que nous ne parvenions pas ne serait-ce qu’à apercevoir le spectacle qui se donnait à l’avant, sur la scène. Et c’est alors que ce gars là, que je n’ai jamais revu d’ailleurs mais qu’importe, m’a pris par la main et menée jusqu’en avant, nous frayant un chemin à travers la foule titanesque (bon j’exagère un peu mais c’est pour que vous ayez une image :-), cela le plus naturellement du monde! Et bien que l’idée ne me soit même jamais passée à l’esprit de le revoir, je n’ai jamais oublié ce moment ou je me suis sentie bien. Juste bien et au bon endroit au bon moment. Avec quelqu’un qui avait eu le réflexe tout naturel de prendre les choses en mains, et moi, celui d’en profiter 😉
Et en repensant à ce moment, je me suis du coup souvenu d’un film japonais que j’ai vu il y a plusieurs années et dont le titre était «After Life». Ce film racontait l’histoire de la rencontre entre les anges et les personnes venant de décéder qui, avant de partir au paradis doivent choisir ce qui fut le plus beau moment de leur vie afin de revivre cet instant pour l’éternité, genre de vision du paradis en quelques sortes. Le plus étonnant dans ce film à mon avis était de constater que les meilleurs souvenirs de ces personnes lors de leur passage sur terre étaient bien souvent de petits moments, souvent insignifiants… Le réalisateur Hirokazu Kore Eda y mettait en scène plusieurs personnages, notamment une vieille personne qui n’arrivait pas à trouver son meilleur souvenir et une autre qui refusait d’en choisir un…
Comme quoi, alors qu’on passe notre vie à tenter de donner à celle ci un sens grandiose, se peut-il que ce qui fait le sel de notre vie finalement, ce sont des petits moments de rien du tout ? Un peu comme ce gars qui m’avait guidée jusqu’à la scène et dont je me souviens encore 20 ans plus tard alors que lui a sans doute classé la chose dans le tiroir des « événements insignifiants » !
Et vous, en y repensant, quel petit moment de votre vie êtes-vous convaincus de ne jamais oublier ?