Sans titre pour les invisibles autochtones
La semaine dernière, une chose assez incroyable s’est produite !
Plus que l’élection en début de semaine d’un premier Ministre Canadien, issus pour la première fois de ma génération. Ces X qui – comble de l’anonymat et comme je l’ai découvert il y a quelques temps – ne figurent même plus comme une génération pour les gens de statistique Canada, l’organisme nous assimilant désormais aux Baby-boomers… Une génération avec laquelle nous ne partageons pourtant que bien peu de réalités il faut bien le dire…
Au delà aussi de ce qui s’est par conséquent avéré être un soulagement pour bien des gens qui n’en pouvaient plus du gouvernement précédent, plutôt gris celui-là, on s’est ainsi mis cette semaine a entendre parler de la situation des femmes autochtones assassinées. Ces femmes qui au Canada, peuvent bien – et cela depuis des années – disparaître sans laisser de traces ! Le gouvernement ne s’en souciant plutôt pas que peu. Et cela, bien que bien des organismes s’en finissent plus de demander, depuis au moins dix ans, une enquête publique à cet égard…
Car jeudi denier, un reportage diffusé à la télé a mis sur la sellette le sort des femmes autochtones de Val-D’Or en Abitibi. Ces femmes déjà vulnérables à bien des égards et qui, pendant des années, ont été abusées par les services de police de la ville dont certains membres ont ainsi abusé de leur pouvoir en les agressant, physiquement et ou sexuellement. Ou encore, en les laissant, pieds nus et seules sur des chemins abandonnés en dehors de la ville d’ou elles devaient revenir en marchant, dans la noirceur de la nuit.
L’une de ces femmes étant justement portées disparues depuis plus d’un an sans qu’on ne se soit intéressés à son sort.
Pour qui est déjà allé à Val-D’Or, juste l’idée de ce qui entoure la ville a de quoi faire frémir. Des arbres, des arbres et encore des arbres. Un parc forestier, le Parc La Vérendry, qu’il nous faut presque trois heures pour le traverser et au cœur duquel on ne trouve rien d’autre qu’une station service.
Et la noirceur la nuit.
D’un côté, Val-D’or. De l’autre, Grand-Remous.
Tout cela, je le sais. Parce que j’ai passé mon enfance à Val-D’Or. Cette ville dans laquelle les autochtones sont comme des ombres: bien présents même si on finit par les oublier. À moins de travailler à l’hôpital, comme c’était de la cas de ma mère qui pendant des années, a vu des jeunes femmes autochtones arriver en piteux état, victimes de violence familiale. Ou pire, enceintes à dix, douze ou treize ans. D’un père ou d’un frère…
Alors, au coeur de cette violence endémique, les excès de la police, n’est-ce pas un peu la cerise sur le sunday d’un quotidien pourri?
Mais voilà, parce que des journalistes se sont rendus là bas pour enquêter sur cette femme disparue – Cindy Ruperthouse – et qu’en cours d’enquêtes, le chat est sorti du sac sur cette histoire d’abus et d’agressions sexuelles, voilà que soudainement, l’histoire s’est mise a faire des vagues. À grande échelle dans les médias de sorte que plus personne ne peut maintenant faire comme si ça n’existait pas.
Quant à moi, la vue de ce reportage m’a donné envie hurler sur le sort de ces invisibles.
Et bien sur, je me suis mise à penser à ma grand-mère, mère de mon père, Florence, qui était elle-même une algonquine. Une femme dont encore aujourd’hui, je ne sais que peu de choses..
Tout ce dont je me souviens d’elle c’est d’une femme grande et droite, un peu austère même et qui ne souriait jamais.
Au delà de ce souvenir ? Rien. Que des questions sur qui elle a été. Sur ce qu’à été sa vie.
Et par brides, le fait que mon grand-père ait pu être violent à son égard par moments.
La misère pendant la grande crise des années trente dans le fin fond de l’Abitibi. La mort tragique de son fils aîné, entre Noël et le Jour de l’An 1939, dont elle ne s’est jamais remis de la perte. Et ces questionnements que je me suis de nombreuses fois posés à savoir si elle avait du renoncer à son statut d’autochtones pour pouvoir épouser mon grand-père, un blanc. Et encore, sur son enfance, à Messines. Un lieu qui ne s’appelait même pas encore Messines à l’époque et qui était situé à une vingtaine de km de Maniwaki. Et ou elle est enterrée depuis sa mort au début des années quatre-vingts, peu après celle de mon père.
En racontant tout cela, j’ai l’impression de digresser un peu, passant comme du coq à l’âne !
N’empêche ! Toute cette histoire d’agressions répétées de femmes autochtones par des personnes supposées les protéger vient me toucher profondément.
Pourquoi ?
Je ne saurais même pas l’expliquer avec précision.
Peut-être tout simplement parce que sur elles, on a préféré fermer les yeux. Jusqu’à ce que l’affaire nous explose en plein visage.
Pour voir ce documentaire, c’est ici.