Se la jouer Scarlett
J’ai toujours été fascinée de constater à quel point les enfants ont cette facilité de se faire des amis!
Avez-vous remarqué ?
Il suffit en effet que l’un d’eux se rende dans un parc pour qu’une dizaine d’autres enfants débarquent. Tous prêts à venir jouer. Et surtout, sans se poser la moindre question.
Le même phénomène se remarque un peu, je dirais, jusqu’à l’université où pour la plupart, il nous faut presque faire des efforts pour ne pas se lier d’amitié avec de nouvelles personnes. Un cours en commun, l’ami d’un ami sur qui on tombe par hasard, un café ramassé dans une machine distributrice (ça c’est avant qu’on ait les moyens de s’en payer du bon bien sur !), et nous voilà en «affaires d’amitiés».
Pour une session. Ou pour la vie.
Je ne sais pas à quel moment ça se produit! Mais pour tout le monde j’imagine, arrive un moment ou on cesse de chercher à se faire de nouveaux amis. Un peu comme si soudainement, ça ne se faisait plus d’oser aller vers les autres. Que la chose devenait à la limite indécente. Par crainte de rejet peut-être? Ou de la nouveauté?
Je ne saurai le dire!
N’empêche ! Si en ce qui me concerne, dans la vingtaine, j’avais presque plus d’amis que d’amies, je réalise aujourd’hui, la quarantaine atteinte depuis un moment déjà, qu’il est devenu comme presque suspect de dire bonjour à une nouvelle personne. Encore plus si c’est un homme quand on est une femme (et vice et versa, j’imagine!) ! Car dès lors, on a comme ce sentiment de voir apparaître en lettres géantes toutes ces questions non formulées sur nos éventuelles intentions ! Forcément pas très catholiques ! Parce que clairement, si nous sommes en déficit d’amis, c’est forcément qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond avec soi !
– «Qu’est-ce qu’elle me veut celle là?»
Et pourtant, comme je le lisais récemment, selon certaines études qui ont été effectuées sur le sujet, le nombre d’amis sur lesquels on peut véritablement compter au fil de sa vie constitue rien de moins qu’un facteur déterminant de santé et de longévité. Mais également sur l’impression d’être heureux.
Et bien qu’une étude effectuée il y a quelques années ait rapporté que l’un des cinq plus grands regrets des personnes qui sont à la fin de leur vie soit de n’avoir pas suffisamment mis d’effort pour maintenir le contact avec leurs amis, force est de constater que nous sommes une méchante gang d’esseulés de l’amitié à nous sentir de nos jours démunis lorsqu’il est question de recenser notre propre réseau de relations. Aujourd’hui, on évalue en gros qu’une personne sur quatre évoluerait sans personne de suffisamment significatif autour d’elle pour échanger de questions qui lui tiennent à coeur.
Bien sur, il y a l’Homme de la maison ! Mais à lui seul, il ne peut remplacer tous les amis du monde n’est-ce pas ? Et de toutes façons, pourquoi faudrait-il choisir entre l’Homme de la maison et plein d’amis à partager ? Mais au-delà de mon expérience, combien de personnes n’ont pas plus d’amis que de conjoint, leur réseau se résumant à un gros zéro lorsqu’il est question de savoir à combien de personnes elles peuvent se confier en cas de besoin ?
Bref! Je me dis que c’est complètement fou! Surtout quand on apprend que la solitude constitue un facteur de risque aussi néfaste pour la santé que le fait de fumer 15 cigarettes ! Et que selon une étude (une autre!), nous perdrions l’équivalent de la moitié de nos amis tous les sept ans! (D’où l’importance de ne pas prendre ses amitiés pour acquises).
Alors je reviens à ma question de départ ! On fait comment pour se faire de nouveaux amis? Des gens avec qui échanger, discuter de tout et de rien… Ou banalement, avec qui partager son heure de lunch? Malgré la nécessité que ça implique d’accepter de sortir de sa zone de confort ? Malgré la peur du rejet ? Malgré le sentiment, comme je le ressens parfois, de sembler un peu «looser» lorsque je me retrouve toute seule le midi à la cafétéria….
Au point ou, je l’avoue, je me retiens parfois solidement de retourner à mes vieilles habitudes et d’aller manger seule devant mon ordi !
On ne s’en sort pas je pense! Il faut décider d’oser.
Et c’est à ce moment de ma réflexion que j’ai réalisé qu’il faudrait peut-être décider de vivre comme un personnage de roman.
Avez-vous déjà imaginé vous que Scarlett O’Hara, l’héroïne volontaire et énergique de ce classique que tout le monde connaît, «Autant en emporte le vent» ait pu à un moment ou à un autre hésiter ? Qu’elle ait pu douter ?
Et non ! Les personnages de romans, tout le monde sait ça, elles ne doutent de rien. Elles ne craignent jamais de faire patate. Elles ne s’arrêtent jamais devant l’éventualité qu’elles puissent être rejetées.
Avec elles, c’est qui m’aime me suive ! Et tant pis pour les autres!
Carrément de vraies «badasses» qui foncent droit devant elles !
Alors ? Et vous, je vous le demande! Comment se porte votre réseau amical ?
Et surtout, quand vous l’êtes vous jouée Scarlett la dernière fois ?