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Tenir jusqu’à l’aube, Carole Fives

J’ai toujours été très sensible aux questions touchant la maternité. Et même si pour ma part, j’ai toujours été profondément certaine que je voulais avoir des enfants, j’ai aussi toujours été très consciente que d’être mère, c’était quelque chose de très prenant et difficile. Et que ce n’était pas forcément pour toutes.

Et cela, même si à coups de publications Instagram ou d’articles de magazines de toutes sortes, on nous bombarde constamment de ce qui semble être toujours la même image idéalisée de la maternité. Une image qui peut facilement devenir très souffrante je pense quand soi-même on entre pas dans ce «moule social». Et qui fait probablement se sentir bien inadéquate celle qui par malheur aurait d’autres envies.

Inutile donc de dire que j’ai toute suite été interpellée par la thématique de ce livre dont j’ai envie de vous parler en ce jour 12 de mon calendrier de l’Avent, soit «Tenir jusqu’à l’aube» de l’autrice Carole Fives.

Ce que ça raconte ? L’histoire d’une jeune mère monoparentale d’un petit garçon de deux ans. Graphiste à son compte et sans ressources, la jeune femme qu’on ne nomme jamais est un peu prisonnière par la force des choses d’une relation fusionnelle avec son enfant dont elle a seule la responsabilité. Nouvellement installée à Lyon pour le travail, elle se retrouve sans filet social, sans famille pour la soutenir, sans salaire fixe (parce que pigiste) pour se payer une place à la crèche pour son enfant. Et enfin, seule pour subvenir à leurs besoins à tous deux, elle se bat pour survivre.

Alors, un peu comme la chèvre de Monsieur Séguin, la jeune femme se met peu à peu à tirer sur sa corde, sa seule source d’air étant ce petit moment de liberté qu’elle se permet quand son fils dort. Elle s’autorise ainsi la nuit, à sortir fumer une cigarette, d’abord à quelques mètres de l’appartement. Puis de plus en plus loin, de plus en plus longtemps.

Nous ne sommes bien sur pas dans le léger avec ce livre mais plutôt dans un genre de huis-clos qui nous permet de ressentir la réalité poignante d’une femme qui sans soutien, perd peu à peu pied. Et le plus troublant, on en est frappé à la lecture de cette histoire, c’est cette évidence que le poids de la pression qui pèse sur la maternité est sans commune mesure avec les diktats que la société impose aux pères.

Et d’ailleurs, sur certains sites internet sur lesquels la jeune mère recherche désespérément du soutien, ce commentaire parmi d’autres d’une autre jeune mère qui renvoie un peu comme un coup de poing son sentiment d’être inadéquate. Et à qui d’autres mères renvoient leur jugement au lieu du soutient dont elle aurait pourtant tellement besoin.

«Avant d’avoir un enfant, on ne sait absolument pas ce qui nous attend. Est-ce un crime de constater qu’on n’y arrive pas ? Ne vaut-il pas mieux pour l’enfant être élevé par quelqu’un qui s’en sortira bien mieux ? Ma fille n’en sera-t-elle pas plus heureuse? J’ai deux autres filles de quatorze et seize ans. Je leur ai moi-même conseillé de bien réfléchir avant de devenir mères.»

Page 75

Et, le plus choquant je trouve c’est que genre d’histoire, on en est témoins tous les jours dans les médias avec ce genre d’articles par exemple qui nous parlent régulièrement de jeunes mères qui finissent par déraper avec des conséquences parfois tragiques, tant pour elles que pour leurs enfants.

Vraiment, «Tenir jusqu’à l’aube», c’est un roman qui m’a énormément touchée en tant que femme. Parce que j’y ai trouvé un roman très moderne et tellement criant de vérité dans sa représentation du poids de la pression qui pèse sur les mères. Celles-ci constituant une cible de jugement trop souvent tellement facile. Mais surtout, parce que montrant de façon assez criante merci à quel point les jeunes mères peuvent se retrouver tellement seules et désemparées qu’elles se retrouvent un peu obligées par la force des choses de chercher un semblant de soutien sur internet et autres médias sociaux.

Avec des résultats trop souvent assez discutables, qu’on se le dise.

Une lecture que j’ai trouvée en ce qui me concerne bouleversante de vérité.

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