Une porte ouverte sur un ailleurs
Lorsque j’étais petite, j’ai voulu être journaliste. Puis archéologue. Puis hôtesse de l’air.
Et quoi d’autre encore ?!
Il suffisait en effet que « je tombe en amour» avec le personnage d’un roman pour avoir envie de lui ressembler. C’est ainsi que j’ai même eu, pendant un temps, parce que j’avais lu «Madame la présidente» de je ne sais plus quelle auteure, cette idée plutôt saugrenue de devenir…présidente des États-Unis ! Puis de changer de nom, parce que j’avais lu un autre livre, dans lequel l’héroïne s’appelait Sheila. Ou de partir faire un tour du monde, comme l’avait fait l’héroïne de «Mange, prie, aime»…
Sartre disait que le rôle de l’écrivain était d’abord d’aider les gens à trouver de la beauté, peu importe où qu’elle se trouve. Et du sens, ajouterais-je.
Finalement, il m’arrive de me dire qu’écrire ce n’était peut-être rien d’autre que de changer le monde en quelques sortes. Sentir que j’ai ce pouvoir de changer ma vie surtout. De mettre de la couleur dans ce camaïeu de gris qui a caractérisé certains moments de mon existence. D’ouvrir une porte sur autre chose.
Un ailleurs dans lequel je pourrais me sentir à ma place…
Écrire ce n’est peut-être rien d’autre que cela finalement. Une porte ouverte sur soi. Sur le monde. Sur un ailleurs dans lequel nous avons ainsi la possibilité de nous réinventer…
«L’auteur est le premier personnage de son oeuvre. Tout simplement parce qu’il est lui-même inscrit dans les interstices de cette tour perverse dont parlait Chesterton, puisque tout écrivain est, à travers la fiction en quête de son identité introuvable parce que multiple.» (- Frédérick Tristan, Fiction ma liberté, page 59)