Une suite de hasards
Trouver sa voie, j’ai parfois l’impression que c’est un peu beaucoup… une suite de hasards. Il n’y a pas vraiment de recette convenant à tous. Pas plus que de méthodologie pour y parvenir à coup sur.
On ne peut se fier à rien d’autre qu’à son instinct…
Hier soir, avait lieu à Montréal une méga conférence donnée par la très connue Oprah Winfrey. Malheureusement, je n’y étais pas (15,000 personnes réunies au même endroit, c’est un peu beaucoup pour la claustrophobe que je suis !). Néanmoins, ce qu’elle avait à dire pourrait sans doute se résumer en tout au plus quelques mots. Mais des mots contenant rien de moins que toute la vérité du monde!
Soit que dans la vie, ce dont nous avons le plus besoin, ce n’est pas de la richesse, de la puissance ou de toutes les bébelles derniers cris qu’on veut nous vendre à coups de pubs criardes.
Ce dont nous avons le plus besoin en vérité, c’est de trouver pour soi-même une vocation. Un but à atteindre qui soit si important à nos yeux qu’il n’y ait rien d’autre d’envisageable que d’y consacrer sa vie.
Dès lors, peu importent les obstacles ou les doutes n’est-ce pas ? On trouve toujours sur notre route quelque chose pour nous convaincre qu’on est dans la bonne voie.
La nôtre !
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Depuis quelques temps, j’avais l’impression d’avoir fait le tour de mon désir d’écrire. L’impression de répéter toujours les mêmes choses, au point de radoter.
Bref, de devenir ennuyeuse et de faire fausse route avec mon blogue. Avec mes histoires de familles. Et avec cette impression de ressasser continuellement le passé. Consacrant sans doute plus de temps aux ancêtres décédés qu’à ma vie bien réelle.
Et puis ce matin, un peu comme un rayon de soleil dans cette foutue tempête de neige d’avril qui semble vouloir mettre des bâtons dans les roues d’un printemps trop timide, j’ai reçu toute une décharge d’énergie ! La conviction que j’étais sur la bonne voie, la mienne, avec ce désir d’écrire sur ma famille et de raconter nos histoires sans queues ni têtes !
Comme vous le savez, j’ai sur la table deux projets de livres. L’un portant sur mon père et ma branche paternelle (L’homme nu). Et le deuxième portant lui, sur ma branche maternelle, reculant dans le temps, de mère en fille sur cinq générations (Derrière des portes closes).
Bien que je tente de me consacrer de façon prioritaire à l’écriture de L’Homme nu, bien sur, les deux livres mijotent dans ma tête.
Je ne peux m’en empêcher! C’est presque une obsession !
C’est pourquoi je suis continuellement à la recherche d’indices me permettant de déterrer cette histoire familiale au féminin que sera Derrière des portes closes. Un livre dans lequel seront réunies ma mère, ma grand-mère Jeanne, mon arrière-grand-mère Lucienne. Et mon arrière-arrière-grand-mère Adeline.
Comme je vous l’ai déjà raconté cependant, mon grand point d’interrogation dans toute cette histoire, c’est probablement Lucienne qui, aussi incroyable que cela puisse paraître pour cette époque, a décidé en 1928 d’abandonner mari et enfants pour venir habiter à Montréal. D’elle, je n’ai jamais rien su, si ce n’est ces quelques photos dont ma grand-mère Jeanne s’était efforcé d’arracher les yeux (et ce n’est pas une figure de style, ma grand-mère ayant gratté les yeux de sa mère sur les quelques photos que nous avons pu trouver !).
La seule affirmation ayant traversé les générations étant que Lucienne avait tout quitté pour venir se prostituer à Montréal. Une vérité cependant à laquelle je ne crois plus aujourd’hui, ayant été obligée de réaliser que le lien de causalité avait sans doute été volontairement faussé: aucune femme n’abandonnant ses enfants « pour » se prostituer.
Mais se prostituant probablement « pour » survivre…
Car 1928, n’était-ce pas tout juste avant la crise des années 30? Puis la guerre… Bien loin sans doute d’être la meilleure époque pour une femme seule à Montréal…
Cela, en admettant bien sur que Lucienne se soit réellement adonnée à la prostitution… Car la vérité peut-être, c’est qu’à cette époque, une femme qui avait d’autres désirs que d’élever une famille, n’était-ce pas le diable en personne ?
Enfin bref, tout cela pour dire que depuis un bon moment, mes recherches sur elle semblaient stagner. Jusqu’à ce que ce matin, ma mère tombe sur l’avis de décès …de la dernière sœur vivante de Lucienne. Avec les coordonnées du salon funéraire ou ses funérailles ont été organisées il y a quelques semaines.
Et le nom de sa fille. La nièce de Lucienne. Et cousine de ma grand-mère Jeanne.
Vivante elle. Et à qui je me suis empressé d’écrire par l’entremise du salon funéraire.
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Parfois, nous ressentons des doutes quant à l’utilité de nos batailles.
Et puis, se produisent de petites étincelles qui nous donnent envie de nous relever. Et de continuer.
Parce qu’on réalise alors que nous étions sur la bonne voie.
La nôtre.
Le but de ma vie alors ? Peut-être que ce n’est rien d’autre que cela. Construire des ponts. Et renouer des liens trop longtemps rompus.
Alors voilà, j’attends que cette dame me réponde.
Et j’avoue que ça m’excite follement !
4 commentaires
Marjo
Bon matin Marie,
Tout le long de ton billet – spécialement concernant la famille côté maternelle – j’avais des frissons. Et quel fin ! Je croise mes doigts pour que cette personne te donne des nouvelles. Si j’avais des frissons en lisant ton billet, qu’est-ce que ça sera lorsque je lirai ton livre !
Tu vois que la patience et surtout de croire peut donner de bons résultats. Tout le temps où tu doutais, il y avait une personne – inconnue de toi – qui était là derrière la porte aux souvenirs.
J’espère que tu nous le diras lorsque tu auras reçu des nouvelles de cette presque ancêtre.
Bonne journée,
Marjo
Marie
Bonjour Marjo ! C’est fou n’est-ce pas tout ce cheminement ! Et pourtant, d’une façon que je ne m’explique pas, à chaque fois que je pense être devant un « mur, une porte semblant inespérée semble s’ouvrir d’une façon que je n’aurais jamais imaginé. Et sois certaine que pour une fois qu’il s’agit d’une personne vivante, c’est très certainement que je le raconterai ici lorsqu’il y aura des développements de ce côté.
Je n’aurais vraiment jamais imaginé qu’une porte puisse s’ouvrir de ce côté car la mère de Lucienne (grand-mère de ma mère) est décédée en 1960. Ma mère n’a appris son existence qu’à ce moment car ma grand-mère, Jeanne, lui avait dit qu’elle était déjà morte…. Clairement, cette « branche » de la famille, c’était comme un monde parralèle auquel nous ne pensions jamais avoir accès. J’espère donc de toutes mes forces pouvoir discuter avec cette cousine de ma grand-mère. Je pourrai enfin avoir une autre version de toute cette histoire concernant Lucienne ! Je me croise les doigts 😉
Marie xx
Étoile
Bonjour Marie,
Mais quelle belle histoire et surtout heureux hasard! ne t’en fait surtout pas tu n’est pas ennuyeuse.Malgré ma longue absence je reprends la lecture de tes billets avec un très grand plaisir. Je reste une fidèle lectrice. Tu te souviens du livre que tu avais fais tiré il y a quelques mois Journal intime d’un arbre? Je ne l’ai pas encore lu je n’ai pas encore de concentration mais imagine toi qu’il voyage mais je l’ai à l’oeil crois moi.Et tous les commentaires sont bons.Ma belle-fille qui adore elle aussi les arbres l’a même lu deux fois. Mon tour s’en vient. Ton histoire est passionnante chère Marie n’en doute pas.Merci d’être là.Bonne fin de journée.
Marie
Bonjour Étoile ! Je suis contente de te revoir ici ! J’espère que tu te portes mieux maintenant ! Pour le livre, « Journal intime d’un arbre », je n’ai aucun doute que tu l’aimeras aussi. Je l’avais pour ma part adoré ! Je suis contente de savoir qu’il voyage 🙂
À bientôt !!
Marie