femmes,  littérature,  réflexion

Vu: Le « Nelly » de Anne Émond

Je l’avoue, il est plutôt rare que je parle cinéma ici.

Et pourtant, je suis forcée de constater que là-dessus, je n’ai pas de véritable explication ! Le fait étant que je suis vraiment folle de cinéma! 

Mais la réalité toute banale, c’est probablement que mon travail consistant justement à évaluer et classer au quotidien le contenu d’émissions de télé et de films en vue d’en déterminer la cote signalétique en fonction de la violence (entre autre!) qu’on y retrouve, je n’ai pas, par défaut, ce réflexe d’aborder le sujet ici, dans mes textes !

Toutefois, je me suis dit qu’il me fallait aujourd’hui faire exception à mes habitudes ! Car le fait est qu’ hier, je suis allée au cinéma voir le dernier film de la réalisatrice Anne Émond et qui porte sur une auteure québécoise qui, en son temps, à fait parler plus qu’à son tour, Nelly Arcan.

Et pas nécessairement toujours pour les bonnes raisons , est-il besoin de le préciser!

Car celle qui, visiblement a porté dans son oeuvre un discours vraiment puissant sur la violence de l’impact de l’image sur nos vies de femmes modernes n’a pas manqué de constituer en elle-même un paradoxe pur et simple. Tout simplement parce qu’ayant elle-même vécu de la prostitution pendant de nombreuses années, elle a semblé trop souvent vouloir être la critique d’un système qu’en quelques sortes, elle « nourrissait » elle-aussi.

Quiconque est le moindrement amateur de littérature n’aura pas pu manquer le succès phénoménal de son premier livre, « Putain » sorti en 2001. Au « Je », l’auteure, étudiante en littérature y racontait avec violence sa vie d’escorte. Sans manquer toutefois d’y nommer tout le dégoût que lui inspirait ce « travail » dans lequel rien de la laideur du  monde ne lui échappait.

La puissance de ce livre, justement, c’était précisément de mettre le doigts sur ce qu’elle qualifiait de poids de la beauté dans un monde en constante recherche de la jeunesse envers des femmes jamais assez jeunes, assez belles, assez ceci ou assez cela. Et qui, à travers la chirurgie esthétique, nous amène à croire qu’en lui-même, le corps des femmes est laid.

D’ailleurs, dans un autre livre, « À ciel ouvert« , elle ira plus loin dans le sujet en tentant de démontrer que notre société ne présente pas tant de la beauté, que le défaut de laideur des femmes. Celles-ci se voyant contraintes, pour acquérir cette beauté qui partout s’affiche, de continuellement investir et de se soumettre à des chirurgies esthétiques visant à gommer leurs « imperfections »…

Un peu comme si notre corps naturel n’était tout simplement pas « montrable » et qu’on devait par conséquent en corriger les manques.

Bref ! C’est donc avec curiosité que j’étais impatiente d’aller voir ce film qui de façon fragmentée, un peu comme l’a elle-même été Nelly Arcan, nous présentait un portrait en quatre facettes de cette auteur qui, à mon humble avis, à été sous-estimée à tort. Et qui, un peu tragiquement, à choisi de mettre fin à ses jours en septembre 2009. Elle n’avait alors que 36 ans.

Et dire à quel point ce film m’a retournée serait probablement un euphémisme. Mais je m’en voudrais de ne pas mentionner la prestation renversante de la comédienne Mylène Mackay qui dans le rôle de Nelly est d’une vérité troublante.

À tel point que dès mon retour à la maison, je me suis ruée sur internet pour tenter de trouver des réponses.

Au final, je suis forcée d’admettre que le discours de Nelly Arcan demeure, d’une façon un peu déroutante, d’une troublante actualité, encore aujourd’hui.

Un discours que l’auteure a « forgé » il y a tout juste une quinzaine d’années…. Bien avant Facebook. Bien avant Instagram surtout. Avant, encore, ces tendances obsessive aujourd’hui banales de nos sociétés contemporaines à se prendre en selfies partageables jusqu’à plus soif….

Un peu comme dans un buffet proposant à volonté de la « chair fraîche »…

Troublant !

Parce qu’il n’y a pas d’autres mots j’imagine!

Mais quoi qu’on pense du film, je suis ressortie de la projection en me disant que c’était un destin bien déprimant que celui de Nelly.

Et vous ? Vous avez vu ce film ? Comment l’avez vous reçu ?

Sources;

Le site internet crée à l’intention de Nelly Arcan après sa mort.

Au cinéma, depuis le 20 janvier au Québec: « Nelly » de la réalisatrice Anne Émond (je recherche en ce moment la date de sortie en France. Si vous connaissez la réponse, n’hésitez pas à m’écrire à chroniquescinglees@gmail.com pour que je puisse en faire mention dans ce billet)

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