Y a-t’il encore quelqu’un pour jouer à la marelle ?
Parfois, je me dis que de vieillir, ça vient peut-être, un peu de façon incompréhensible, avec une certaine tendance à se refermer sur soi. C’est ce que je me dis, chaque fois que je prend deux minutes pour réfléchir. Et que je réalise à quel point mon cercle d’amis a pu rétrécir au fil des années.
Non pas en raison de disputes quelconque. Mais plutôt sous l’effet des circonstance (ou d’un fait qu’on appelle banalement «la vie»), des éléments qui font en sorte qu’une fois les études terminées, la vie de famille enclenchée et les hypothèques contractées, pour nous tous autant que nous sommes, le temps réservé aux amis semble devoir rétrécir comme peau de chagrin.
Cela, sans qu’on n’y ait pris garde le moins du monde.
Et tout aussi soudainement, on réalise un beau matin qu’on sort de moins en moins de sa zone de confort. Et qu’on se restreint de plus en plus à ce qu’on connaît déjà. Même siège dans l’autobus tous les matins, le premier café à 4h28 tous les jours. Et un troisième ramassé au même café à 9h57 du lundi au vendredi, douze mois par année!).
Et nos amitiés? Un beau jour, celles-ci se résument à un banal texto envoyé (ou reçu) trois ou quatre fois par année. Ne serait-ce que pour se donner l’illusion qu’on ne s’est pas perdus de vue….
Et, alors que je réfléchis à la question depuis des mois, j’en suis venue à la conclusion qu’au fil du temps, un peu comme nos corps qui changent (quoi qu’on en dise!), notre capacité de se faire de nouveaux amis semble elle aussi…s’atrophier. Un peu dramatiquement.
Aussi, l’été dernier, après des mois et des mois à demeurer à mon bureau le midi sous prétexte que c’était l’un des meilleurs moments pour écrire, lire ou pour tout simplement m’accorder du temps pour des projets personnels ou des coups de fils à passer, j’ai réalisé que sous prétexte de souffler un peu, l’espace d’une heure, mes relations personnelles s’étaient elles du même souffle…. un peu essoufflées. Et mon cercle social, drastiquement appauvri.
Je me suis alors donné comme défi, tous les midis, de descendre manger à la cafétéria, ne serait-ce qu’une toute petite trentaine de minutes. Pariant ainsi sur le fait qu’inévitablement je finirais bien par trouver des gens avec qui échanger de tout et de rien.
J’avoue que j’ai du me rendre à l’évidence, rendue à Noël, que j’étais toujours toute seule le midi. Consternée de réaliser à quel point il pouvait être devenu difficile d’aller vers les autres, simplement. Et cela, même avec ces gens avec qui nous avons en commun d’user les mêmes planchers de corridors depuis les dix ou quinze dernières années. Ou encore, ceux que l’on croise inévitablement lorsque à 11h38, on se présente à la cafétéria pour aller chercher une soupe, espérant ainsi devancer la foule…
N’est-ce pas complètement fou ?
C’est pourquoi, sous l’impact du mot «audace» que j’ai choisi comme mot clé pour 2017, j’ai décidé, depuis janvier, de tenter une «expérience». Et de me la jouer Scarlett!
«Quoi ? Se la jouer quoi ? Qui ? Scarlett ? Ai-je manqué une nouvelle stratégie de psycho-pop?» vous demandez-vous ?
Tout simplement une «théorie» que j’ai mise au point tout récemment et qui pourrait bien vous convaincre, vous aussi, d’oser aller vers les autres !
Mais attendez que je vous raconte !