Pages féminines d'un autre temps

Retour dans le temps, prise 3 ou l’Éducation ménagère au temps de nos arrières grand-mères


Photo: IStock

Une fois de plus, hier, en ce samedi pluvieux et gris, je me suis plongée dans ma pile de vieux journaux plus que centenaires, destinés vers 1900 aux jeunes femmes qu’on disait accomplies…  

L’éducation ménagère* Notions de cuisine  

«Nécessité pour toute femme de quelques connaissances culinaires. – Une maîtresse de maison qui tient à réunir au foyer familial tous les éléments de confort et veut assurer à son entourage une existence agréable, sans se laisser entraîner à d’excessives dépenses, ne saurait se désintéresser de la cuisine.Si elle abandonne entièrement l’ordonnance et la confection des repas à une cuisinière, même expérimentée, il en résultera, presque fatalement, du gaspillage et d’inutiles frais, ou alors un ordinaire peu soigné, quelquefois contraire à l’hygiène.

Une bonne cuisinière est plus nécessaire qu’on ne le pense généralement au bonheur domestique. Agissant favorablement sur la santé, elle contribue, par suite, à entretenir la bonne humeur et l’harmonie des membres de la famille. Et par bonne cuisine, nous n’entendons pas des préparations compliquées et coûteuses, dont la savante exécution ne peut être confiée qu’à des « chefs » ou à des « cordon-bleu ». La bonne cuisine, c’est celle qui plaît au goût, moins par la délicatesse et la rareté des mets, que par leur fraîcheur, leur qualité et le soin apporté à leur préparation; la bonne cuisine, c’est celle dont on ne se lasse pas et qui ne fatigue pas l’estomac, parce qu’elle est simple et hygiénique; c’est, tout à la fois, la cuisine la plus appétissante, la plus saine, et la plus économique.

Or, cette excellente cuisine ne se rencontre que dans les familles ou la maîtresse de maison s’occupe des repas, en dresse elle-même le menu, contrôle la qualité des achats, veille à l’utilisation des restes, et possède de suffisantes notions culinaires pour pouvoir diriger la cuisinière de ses conseils et de ses observations.

À toute jeune fille, dont on rêve de faire une femme accomplie, on devrait donc enseigner au moins les principes élémentaires de la cuisine. Quelle que puisse être un jour sa position sociale, ce savoir pratique lui sera toujours utile. Il pourra lui devenir indispensable en certains cas, par exemple si elle est obligée d’avoir recours à de jeunes domestiques inexpérimentées.

Caractère et limites de notre Enseignement culinaire. – Et maintenant, en quoi consisteront ces notions de cuisine, dont nous pensons avoir démontré la nécessité ? Il ne s’agit pas ici d’un enseignement professionnel; nous avons à former des maîtresses de maison et non des cuisinières. Nous nous bornerons donc à donner à nos filles des connaissances essentielles, des principes directeurs, et encore un certain degré d’adresse et d’expérience pratique, de façon à ce qu’il leur devienne facile de comprendre et d’exécuter, ou de faire exécuter, les recettes et les conseils que leurs offriront libéralement les ouvrages d’économie domestique, ou les manuels spéciaux de cuisine, entre lesquels elles n’auront que l’embarras du choix.

Il existe en effet pour la vie ménagère en général, pour la cuisine en particulier, des guides très sûrs, très consciencieux comme le Dictionnaire de la vie pratique, de Belèze; La maison rustique des dames, de Mme Millet-Robinet; les Traités de cuisine de Mme E.Raymond, de Driessens, de Colombié. Avec ces excellents livres, une maîtresse de maison ne devrait jamais se retrouver embarrassée; elle a, sous la main, tous les renseignements nécessaires. Mais encore faut-il qu’elle ne se contente pas de posséder ces trésors dans la bibliothèque, et qu’elle sache s’en servir.»

(-La Mode Illustrée, Le journal de la famille, No. 41, Dimanche, 13 octobre 1901, page 522)

 

 

4 commentaires

  • Anonymous

    Bon dimanche Marie,

    J'ai deux opinions concernant ce texte. Ça peut sembler contradictoire, mais…

    Je ne suis pas d'accord pour imposer l'obligation de savoir cuisiner – comme on le faisait autrefois – aux jeunes filles.

    D'un autre côté, je crois qu'il est nécessaire de savoir cuisiner. Cependant, le plus important c'est d'aimer le faire. Et de nos jours ; il y a autant de conjoint qui cuisine que de conjointe et je trouve cela super bien.

    Et encore plus ; c'est vraiment agréable de cuisiner à deux.

    J'adore la lecture de ces anciens journaux.

    Veux-tu bien me dire où tu les trouves ? Est-ce – comme j'ai vu sur Google – tu les as achetés comme on peut le faire sur certains sites ?

    Passe une bonne journée,

    Marjo

    • MARIE

      Bonjour Marjo ! Ces vieux journaux, je les ai depuis des années en fait ! Ma mère les avait eu par l'entremise d'une vieille amie, (l'infirmière qui l'avait mis au monde en fait) et qui possède une maison centenaire près de Québec. Elle avait des caisses et des caisses de ces vieux journaux dans son grenier. Elle en a donné beaucoup à une dame qui s'en servait pour fabriquer des poupées qu'elle habillait comme à la belle époque. Mais à ce moment, j'étudiais en arts vestimentaires alors j'en avais eu aussi une certaine quantité. Ma mère et moi nous étions toujours dit qu'il faudrait bien en faire quelque chose. C'est pourquoi j'ai trouvé qu'il serait intéressant finalement d'en partager des extraits ici, sur le blogue plutôt que de les laisser prendre la poussière dans nos armoires ! J'en mettrai des extraits tous les weekend 😉

      Quant aux livres anciens, j'aurai des surprises dans les prochains jours car j'ai trouvé sur Internet en téléchargement gratuit le Dictionnaire de la vie pratique, de Belèze (publié en 1878 environ) et un livre sur la cuisine et le jardinage, par le jardinier du roi, Nicolas de Bonnefons. Ce dernier a été écrit dans les années 1700 ! Peux tu croire ?

      Je donnerai les liens dans les prochains jours 😉

      Marie

  • Étoile

    C'est très intéressant de lire ces passages de journeaux d'une autre époque. Je te trouve bien chanceuse de pouvoir « fouiner » dans ces souvenirs. je ne sais pas si il se donne encore des cours de cuisine et de couture dans les écoles secondaires,je serais très surprise.Je sais qu'il y avait du bon à cela mais je crois que tout bon parent doit préparer ses enfants à quitter le nid en ayant les outils de survie.Tout le monde doit connaître au moins la base de la cuisine.J'ai cuisiné énormément dans ma vie,mais depuis que je vis seule c'est très différent.Je me fais quand même de bons repas mais je n'ai plus le goût. Je reçois, mais moins souvent.Je préfère inviter au restaurant. merci chère Marie de nous partager ces belles découvertes fort intéressantes.Bonne semaine!Dans ton billet précédent j'ai lu que tu as un lien avec des Lacroix.Il y a ici une famille de Lacroix originaire de la réserve de Maniwaki.Peut-être la même souche? Le monde est si petit.

    • MARIE

      Bonjour Étoile ! J'avoue que tu me laisses sans voix en me parlant de cette famille Lacroix de Maniwaki car c'est justement de là que ma grand-mère venait ! La ville de Bouchette en fait… Je ne sais rien sur sa famille d'origine, à part quelques noms trouvés sur le site de généalogie Ancestry. Des informations qui si elles sont exactes, voudraient dire que son grand-père à elle (donc à six générations de moi !) serait enterré à Sainte-Marthe… à deux pas d'ou j'habite aujourd'hui ! Par manque de temps, je n'ai pas eu le loisir d'explorer cette piste mais ça fait partie de mes souhaits. Alors fort probablement que cette famille dont tu parles est liée à la mienne… Le monde est effectivement très petit!

      C'est fou !

      Marie

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